Vous vous souvenez très certainement de ce billet que j’avais intitulé
(non sans malice)
Ilunga, les poissons, il s’en fish(ait).
qui valait son pesant de cacahuète et où il était question d’huîtres…
Vous m’aviez cru, c’est assez.
L’autre jour, en regardant la télé
(je n’ai pas résisté, lendemain de fête oblige )
j’y ai volé une séquence et me suis tapé une nouvelle animation
qui unissait deux thèmes récurrents chez moi
(mais chez d’autres aussi)
je pense à « la tresse » illustrée par quelques photos liées à un souvenir
et prisent in situ à l’époque, mais aussi et surtout, à cet autre texte
… Et Ponge, tu vois le tableau? dis-je à ma perle.
dont l’humour du titre ne vous aura sans doute pas échappé, ami lecteur.
Comme vous avez déjà pu le constater,
je n’ai aucune forme d’imagination
et les bonheurs de la rédaction d’un texte qui serait de mon clavier
(avant on disait « de ma plume »,
c’était plus joli mais le monde change ) me sont toujours pénibles…
J’ai donc décidé de parer à cette lacune, de remettre le couvert
et d’enluminer par cette nouvelle image, ces mots si justes
de façon plus classe, plus sobre,
juste pour le plaisir de lire et relire encore…
Car Ponge ça se relit très bien.
Bon je file car je dois aller à la gare chercher une autre perle.
(Ce n’est pas vrai, mais ça fait toujours rêver et génère souvent des jalousies)
Je cède donc la parole à Francis et m’en vais, de ce pas, gratter mon pare brise.
(ça c’est vrai)…
Mais ce n’est pas une Peugeot.
Ouf! le titre se justifie.
…
L’huître
L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.
A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner.
(F. Ponge, Le Parti pris des choses, 1942)