… à la Tex Avery.
Ces battements de terre eurent le temps d’imposer leurs vibrations jusqu’au plus profond
de mes fibres: la force du rapport au sol qu’impose l’Afrique,
j’y fus sensible dès le départ du macadam.
La poussière rouge transgressant la frontière entre l’air et la terre,
enveloppe le pied dans un bain de poudre,
faisant résonner le pas d’une profondeur sourde,
ignorée des urbains hermétiques que nous sommes.
Construire des gratte-ciels climatisés pour oublier qu’on est fils de la terre ;
ou fouler le sol nu pour y puiser la force de sa pesanteur.
Les vertiges du ciel contre le poids de la glèbe.
Et puis ces percussions qui résonnent au plus profond des tripes
dans la nuit qui tombe si vite malgré la chaleur.
Pulsations telluriques, énergies chthoniennes,
là est l’essence de la danse.
De toutes les danses de paysans.
Des fils de la terre.
Les tamtams africains et les battements du talon dans la poussière protectrice.
La danse européenne classique recherche l’air.
L’élévation.
Première habitude à perdre : les pointes.
L’acuité de l’envol.
En Afrique, c’est le talon qui règne,
c’est l’appui qu’on ne cherche pas à fuir,
mais à enfoncer davantage encore.
Tout le rapport au monde est là.
Sortes de sumos dans le contact à la terre,
le respect des ancêtres qui s’y trouvent.
Dans la fuite et/ou l’acceptation de la pesanteur,
comme dans ce tronc qui reste sur place,
comme en suspension dans l’air
avec les jambes complètement désolidarisées,
pantin animé
tandis que l’autre l’accompagnant,
traîne…
Imprime…
Dessine chaque scansion dans le pigment du sol,
comme pour marquer le pas,
les mots du dessin de la danse.
(texte rédigé en collaboration avec Céline, que je remercie Ô pas sage)