Archive for the 'Lubumbashi lambeaux' Category

Son grand père: la branche noire de la famille.


Ce monsieur que vous ai présenté avant hier
et qui (se) raconte si bien,
nous parle de son grand père,
celui dont il a pris le nom à la zaïrisation…
Le père de sa mère celle qui, en bonne fille du village et de la paroisse,
rencontra le prêtre et le détourna du chemin de Dieu.
Je vous parle de ça dans les années ’20-’30…
Folles années.
Moderne pour l’époque!
le fils, à passé quatre vingts ans,
oscille entre le noir et le blanc
dans un métissage assumé depuis longtemps
chaque mot parlant une langue vraie,
point de bois dans sa bouche,
tirant les avantages culturels des deux communautés
dans son sang et dans sa tête
sans pour autant ignorer les défauts de chacune
une vraie leçon de tolérance
… D’humanité surtout…
Mais faut quand même pas lui marcher sur les pieds!
. . .
J’ai savouré chacunes de ses paroles et comme
« … Je ne fais voir mes organes procréateurs
A personne, excepté mes femmes et mes docteurs… »

(disait Georges) et que je rechigne à mettre ma tronche en pâture ici
j’ai usé d’un subterfuge, à ma façon,
pour contourner le problème.
Enjoy!

« Caramba! encore raté!… » Disait le général Alcazar.


Pas de billet aujourd’hui
je préfère le dire avec des fleurs
plutôt que de maudire
(et pas à demi mots)
le téléchargement qui prend des plombes et foire la vidéo.
… Ce sera pour demain!
(peut être…o)

Pierre de taille… Et tête de bois.


Dimanche, 6h.10′, le 16.08.’09
(extrait des notes de voyage).
levé depuis 4h., un peu d’internet à la guest’house de l’avenue Msiri, le dimanche peut commencer.
Hier j’ai eu rendez vous LE passé…
Je ne l’ai pas rêvé.
Visite chez Chengé alias Berquin
(l’homme qui sortait de sa maison l’autre jour… C’est la dame qui va être contente…)
Sculpteur de son état et (semi) retraité à présent il a très bien connu mes parents…
Ma mère, dans les quarante six métiers qu’elle a pratiqué, a tenu la gérance d’un magasin d’art Africain dans le centre d’Elisabethville, quelques temps, et ce monsieur ainsi que son frère, peintre celui là, étaient parmi les artistes qui travaillaient pour le magasin.
Au moment du départ en catastrophe, 30 poules, la moitié de la bibliothèque de mon père et quelques vêtements aboutissaient (tout) naturellement chez les frère Berquin et leur petites familles…
Et me voila, quarante deux ans plus tard, sur des oeufs avec ce bonhomme d’une richesse humaine incroyable.
(quoi? il ne sont pas frais mes oeufs?)
Du frère, le peintre, il n’y a plus… Décédé de cela il y a huit ans.
Les lieus j’en avais encore un vague souvenir, la maison à droite au fond d’un long cul de sac dans le dernier quartier de Lubumbashi: Tabacongo.
Je ne raconte pas les péripéties qui m’ont fait le retrouver.
A sa vue des noms (re)surgissent du passé avec une étrange facilité…
(On ne se méfie jamais assez des enfants qui voient tout,
entendent tout,
enregistrent tout
et régurgitent quatre décennies plus tard le nom des choses).
Face à moi, l’homme se tient debout,
bon pied, bon oeil, chaînon manquant entre noirs et blancs,
il est passé à travers les « évènements » du pays avec une force tranquille,
celle de ces essences rares de bois dont la densité fait penser à celle de la pierre.
Simple ça n’a pas été, mais de ce passé, il a fait table rase ne se préoccupant que de l’avenir et de cette mémoire, à cheval sur deux cultures, la sienne et celle de sa femme, pour la transmettre à ses enfants et petits enfants.
Pendant trois heures intenses, de rencontre, nous allons visiter l’atelier avec ce solide gaillard qui fait encore des meubles usuels en tous genres (avec une équipe de jeunes qu’il a formée)…
Quelques bas reliefs, encore, lui sont demandés et surtout il sculpte les futurs cercueils commandés par ses meilleurs clients : le dernier meuble en somme!…
Nous rions de bon coeur, de ce bon jeu de mots, tant la vie, ici, ne tient qu’à un fil, chaque jour.
L’atelier dans lequel j’avais posé deux séances pour mon buste, d’abord en terre glaise puis sculpté dans le bois (« tête de bois! ça ne m’étonne pas » diront certains mauvais esprits que je vois s’agiter au fond là bas!) ne fut jamais achevé pour cause de départ précipité…
Ma mère avait de ces idées parfois!
un buste!
mais passons, l’oeuvre fut inachevée… Heureusement je dirais,
car quarante plus tard je ne te dis pas les arriérés!
L’atelier s’est agrandi, et le maître des lieux nous le fait visiter de fond en comble avec mes compagnons qui nous regardent bouche bées car nous venons d’inventer, Berquin et moi, un des plus beau documentaire qui soit, sans la lucarne de la télé autour: en chair et en os, au dela des mots, nous nous transmettons (parfois silencieusement) de cette infime petite flamme qui fait de nous des résistants ad vitam, alimentés par cette rage de vivre pour donner tort aux méchants…
Halte là!…
Quoi! noble dame, on menace votre personne?…
Mon épée, mon armure!…
Sors de ce corps Jacques, tu n’es plus dans la Mancha!
Où en étais-je?
ah, oui!… Dans l’atelier que nous quittons pour la demeure,
la rencontre avec sa femme est tout aussi touchante…
Elle aussi se souvient d’eux (et non pas « d’oeufs »!)
A l’intérieur les meubles sont fait maison, évidemment,
c’est propre,
c’est grand et le salon, grâce à sa demi rotonde, reçoit une lumière baignant toute chose, comprises les âmes, d’une douce clarté.
Je lui laisse le soin de raconter l’histoire de son père, missionnaire blanc ayant rencontré une fille de la paroisse…
Goûtez.

Prévenez-moi si vous en voulez encore…
Je suis au fond du jardin.







Lubumbashi j seb 319 from luc lamy on Vimeo.

« >Lubumbashi j seb 319

Ce berceau du savoir ne méritait pas ça (part two).


Pourquoi s’attaquer à ce bastion du savoir où les instituteurs et professeurs avaient à coeur de distiller la culture, de nous y plonger, de nous faire écouter le monde.
Le pourquoi du comment de ces déprédations, j’imagine, se trouve dans cette haine,
cette rage contre le savoir qui y était inculqué…
Cependant que les institutions religieuses, mieux protégées par les pères (ou les soeurs) sont parveues à sauver leur bâtiments, le symbole de l’école d’état ouverte à tous, lui, n’a pas résisté.
Des immenses “plaines” de récréation il ne reste que champs de désolation où bouteilles et canettes, semelles et bidons jonchent le sol…
Des papiers gras? bien sûr monsieur nous en avons avec en prime des capsules, du verre, de la rouille et différents métaux de même que quelques épaves de bagnoles!.
Le mec qui s’installe,ici,une petite entreprise de recyclage de déchets peut faire fortune et nourrir trois générations entières… si si!
Aux étages, parfois même au troisième, les hommes ont monté des parpaings de boue et de terre (des tonnes!) pour reformer des petits “espaces de vie” ne montants même pas jusqu’aux plafonds…
Sortes de termitières troglodytes où les cellules labyrinthiques ressemblent à la casbah de Marrakeich
Les murs s’arrêtent à deux mètres du sol et les bâches légèrement obliques dévient les fuites du toit…
Ces patchworks de toiles cirées, de tissus et de plastiques font penser à un Rauschenberg grandeur nature… La qualité artistique en moins.
Comme ultime nique “aux envahisseurs” le béton reste lisse comme une fesse de bébé,
lisse de toute émotion,
lisse et indifférent formant les escaliers et les rampes d’un seul tenant…
Sa surface défie encore le burin et les marteaux piqueurs.
Je ne me sens pas le courage « d’affronter » les squatters et d’essayer de visiter ces classes borgnolées de poto-pote (boue) aux “fenêtres” pour m’imprégner de ces espaces où j’ai appris à lire, à écrire, à compter, à penser… Je ne veux plus penser, cette éducation à la connaissance battue en brèche dans sa fibre me décourage.
Un immense dégoût m’envahi.
Nous quittons ces lieux inhospitaliers, mon ami et moi, non sans être sollicités par le quidam qui demande à quand les travaux de réhabilitation?…
Il rêve le mec!
je ne suis pas là pour te refaire ton truc à neuf!
t’as deux mains mon gars, vas-y, te gêne pas!
nan mais!
En rentrant nous passons devant la petite église orthodoxe jouxtant le site, elle, elle est toute pimpante avec son tapis de galets blancs et noirs à l’entrée, marquant sa naissance: 1956.
Je me dis que ça doit être une question de foi.

(Crédits photos Raymond B.)

Le même bâtiment aujourd’hui.

La rencontre est de taille.

Pendant trois heures nous allons évoquer son frère, le peintre
et puis Rudy Pillen, Mwembia, N’Komo N’Komo, Mwenzé, Pili-Pili et bien d’autres encore.
Ce monsieur qui vient vers moi
a connu mes parents…
Il y a quarante deux ans.
Mais on sonne à la porte…
(Suspens).

« Page précédentePage suivante »