Archive for the 'Cameroun' Category
Quarante ans plus tard, j’espère qu’il me le pardonnera.
L’autre jour,
en fouillant dans mon atelier,
j’ai remis la main sur ce petit bijou enfoui.
(Qui a dit que je n’avais pas d’ordre ?)
Le contexte est on ne peut plus simple…
Nous sommes en ’72,
au Cameroun,
en plein pays Bamoun,
dans un petit bled,
pompeusement appelé sultanat,
j’ai nommé Foumban.
Dans cette bourgade existe un lycée,
dans ce lycée se donne un cours de français…
Et ce jour là le professeur
(sur lequel je reviendrai une autre fois)
donne comme sujet de rédaction :
« Vous avez déjà passé un moment agréable avec une personne qui vous est chère.
Evoquez votre souvenir.
Rédigez deux paragraphes du corps du sujet. »
Je voyais déjà la chose sous forme d’une épopée pompeuse avec des drames, des jalousies, des réconciliations puis, au final, un doux moment passé au coin du feu feuilletant un album photos et dégustant un Lagavuline (sans glace siouplé) tout en commentant les images.
Evidemment, je ne pouvais pas savoir que mon voisin de banc allait voler la vedette aux meilleurs d’entre nous, lors de la correction de l’exercice.
Il eu droit, lui, à la lecture publique de sa prose par le professeur,
celui-ci ne ménageant pas ses effets lors des péripéties torrides de la terrible rédaction.
Pauvre Popouera !
Il ne méritait certes pas le 07/20 affublé du « Trop touffu » comme unique commentaire à ce monument de sincérité.
A l’époque,
J’ai honteusement subtilisé la copie,
jaloux sans doute du succès de mon petit camarade.
(Quand je dis petit,
le bougre avait déjà vingt ans, des biceps comme mes cuisses et quelques « spécialisations » dans le primaire et le secondaire).
…
Je te le recopie intégralement (a’ec les fautes).
Pour ma peine.
…
« Au cour(s) d’une promenade vers notre étang, j’ai trouvé une fille qui(e) je connaissais un peu et qui n’avait même pas fais(sic) l’école primaire, cette fille m’avait séduit je ne sais pas comment; j’ai essayer(é) de me maîtriser et ça n’allait pas. C’était (illisible)vers treize heures. Puisqu’elle puisait l’eau elle m’a inviter(é) (à) venir l’aider à mettre la (illisible… cuvette) sur sa tête, je lui ai aider(é) à le faire. Elle m’a invité chez elle parce que j’étais gentil, il était treize heures et demie, puis j’étais invité à dix-sept heures.
…
…
Je rentre à la maison en ne rêvant que d’elle, et quand mon oncle (m’)adresser(.) la parole que je devais répondre, je baillait(s) car ma vue était sur ma fille.
A dix-sept heures juste je frappe à la porte de la fille qui se lève aussitôt et m’embrasse : je fais semblant de ne pas être content pour qu’elle continue à me faire de bonnes(sic) gestes.
Elle me fait asseoir sur son lit, (rature) et sort je ne sais où, tout d’un coup, elle entre avec le cous-cous et dépose sur la table elle vient et me tient par les bras en disant de venir manger, comme un collégien audacieux je me lève avec peine tandis que son bras autour de mon cou on vient ensemble manger.
…
…
On cause jusqu’à dix-neuf heures, et maintenant elle s’en va se coucher sur le lit et m’invite encore de venir faire la sieste avec elle.
Aussitôt que je me couche sur le lit, je me sentis déjà anormal et pour ne pas lui faire savoir ce qui se passe je me couche sur le ventre pour cacher les mouvement de mon bas ventre, elle avait su puisque c’est une fille qui a déjà fait trop d’expériences, par ses gestes tendres et douces, je vis un paradis que je n’ai jamais connu depuis mon enfance jusqu’à cet âge.
J’étais rentré chez moi vers vingt-et-une heure(s) quand tout le monde était endormi ; chaque jour je venais causer avec ma fille et à la rentré(e, elle m’a donné cinq-cents francs.
Limbe II (suite).
Les anglais avaient importé toute l’Inde,
dans ce petit coin perdu
entre Douala et Victoria.
Les senteur âcres et nauséabondes
de cette gigantesque plantation d’hévéas
prenaient aux narines ad nauseam
pendant quelques kilomètres
avant d’arriver dans ce havre de paix
du « club de la locomotive »,
appelé comme ça à cause de la vieille loco
rouge et rutilante de tous ses chromes
trônant fièrement sur deux rails
au milieu du parc entourant la piscine.
…
(Ici, image d’une loco rouge…
Mais comme c’est un dénommé Pluplu
qui ne me l’a pas rendue,
on s’en passera)
fin de la parenthèse.
…
L’après-midi,guiness
dans l’atmosphère confinée
de la pièce jouxtant l’auvant en béton,
où ces ripailles avaient eu lieu,
l’odeur lourde, grise et froide des cigares
mélangée à celle de la Guinness tiède
nimbait les hommes.
Ceux-ci,
séparés des femmes,
jouaient au snooker.
La première leçon de ce jeu
(qui ne doit rien à l’Asie)
c’est de se faire battre à plate couture,
sans broncher,
par l’autre,
et de tapoter doucement le bord de la table,
du plat de la main,
lorsque le coup est magistral.
Si et seulement si le coup est magistral…
(Faut pas pousser quand même !)
Le salon ne recelait pour tout meuble
que cette table au tapis vert et magique
où, la bille blanche, après une longue course lente
venait s’entrechoquer douce et calme à d’autres billes
dans ce bruit si particulier à l’ivoire,
empochant tantôt une rouge
tantôt une couleur, noire ou rose de préférence.
Le bruit sec, métallique et mat du marquoir,
comme pour répondre à l’infinie douceur des propos du tapis,
affichait les points.
Les autres joueurs observant,
flegmatiques,
le break de l’adversaire
frottaient calmement,
à la craie bleue,
le procédé de leur canne.
Au fond de la salle, un autre groupe de quatre,
lui,
jouait aux « darts »…
Roulant la fléchette longuement entre les doigts et
fichant dans le liège de la cible,
à coups sûrs.
Là aussi, la Guinness servait de carburant.
…
…
Au milieu du Sud-Ouest Cameroun les dimanches après-midi étaient longs.
Limbe I
Moyennant forfait tu avais :
riz basmati
papadams
patates douces
cacahuètes
bananes plantins
noix de coco râpée-grillée
tranches d’ananas
chutneys de mangue
de tomates vertes
haricots en sauce
et puis des viandes
du bœuf
de l’agneau
du poulet
tu choisissais à volonté
Ce curry du dimanche était délicieux.
…
…
(à suivre).