Archive for the 'fragments' Category

Haïti… Pendant que la terre hoquète encore.

(A chaud).
Entretemps il passe à la téloche pour MSF

Samedi dans la journée
je téléphone au pote
qui m’accompagnait au Congo
en août dernier
-Oui Seb. tu pars demain?… Je peux te filer des vêtements ?…
C’était prévu pour Lukafu et la mission du père Raoul,
mais la goutte d’eau sera plus utile de l’autre côté de l’atlantique.

Peu après cette gamine « affreusement » télégénique passe aux infos
« repérée » par une équipe de télévision Australienne qui l’a entendue sous les décombres
Trois jours avant d’être tirée de là dessous après l’effondrement…
Sans doute aux côtés de ses parents morts.
La télévision se charge de mettre son petit lustre à l’information.

On nous passe aussi les images terribles d’un camion qui décharge décombres et corps…
Info ou intox, il est dit dans le commentaire que les morts ont peu d’importances pour les autorités locales et que le peuple gronde… Les pillages, l’insécurité, la peur palpable des habitants.
La petite a un hoquet sur mon gif à chaque fois qu’ils tombent et retombent encore…


Je ne peux m’empêcher de penser à mon ami qui débarque là dedans
avec mes deux bêtes sacs et d’autres vivres et médicaments
et dont le métier est de sauver des vies.
Je ne peux m’empêcher de penser à cette gamine
et à ce qu’elle a vu du léviathan.
Je ne peux m’empêcher de penser à ces images de la grande guerre
où les pelleteuses charriaient par dizaines,
par centaines,
par milliers ces corps…
D’autres corps,
les même corps.

Sois prudent mon ami.

Rideau sur notre histoire.


Je découvrais cette connivence d’un simple geste de la main.
.
Les images
.
IMAGE. Dans le champ amoureux, les blessures les plus vives viennent d’avantage de ce que l’on voit que de ce que l’on sait
1. (« Tout d’un coup, au retour du vestiaire, il les voit en conversation tendre, penchés l’un vers l’autre. »)
L’image se découpe: elle est pure et nette comme une lettre: elle est la lettre de ce qui me fait mal. Précise, complète, fignolée, définitive, elle ne me laisse aucune place: j’en suis exclu comme de la scène primitive, qui n’existe peut être que pour autant qu’elle est découpée par le contour de la serrure. Voici, donc, enfin, la définition de l’image, de toute image: l’image c’est ce dont je suis exclu. Au contraire de ces dessins rébus, où le chasseur est secrètement dessiné dans le fouillis d’une frondaison, je ne suis pas dans la scène: l’image est sans énigme.

(R. Barthes, « Fragment d’un discours amoureux », éd. du Seuil, page 157)

Vous y avez échappé… Forcément.


Heureusement que je ne me suis pas lancé dans la bande dessinée!…
En rangeant et fouilllant mes archives je suis retombé la dessus;
il n’empêche!
inspiré d’une nouvelle de B. Traven tirée du « visiteur du soir »,
titre éponyme, la nouvelle s’intitulait « Macario »…
L’histoire d’un bûcheron (pauvre forcément) qui doit nourrir toute sa petite famille
et dont la femme (belle forcément)
prépare le briquet pour sa longue journée de travail dans la forêt
(touffue et dense forcément)…
Macario y rencontrera un bonhomme maigre et étrange avec qui il partagera son repas car Macario était un homme bon.
… Dernier repas car c’est de la mort dont il s’agit (forcément)


Quelle génie cette Marguerite lorsqu’elle trouva cette phrase… Forcément.
. . .
(Rien à voir: ce soir sur la deuxième chaîne,
vers zéro heure cinquante,
« F comme Fairbanks » avec Patrick Dewaere passe…
Merveilleux acteur et hommage à l’autre « F »
… à voir par curiosité)

Emois.


Elle me murmurait des mots dans la nuit
et moi… Mes sens étaient en éveil.

« Ce que ses pauvres mains racontent » II (suite et fin).

Résumé de l’épisode précédent: il n’y en a pas.
Tu n’as qu’à regarder le billet d’hier qui est chargé d’émotions, de suspense et de quelques images qui te feront voyager…
Tout ce que je raconte, ici, se passe dans le triangle Bukama-Kolwézi-Lubudi.

Si elle n’en trouvait pas
la raison en était simple
le frai,
la faute au frai
elle ne trouvait pas de poissons.
parce que les bougres étaient loin,
en aval du fleuve,
où ils baisaient et se reproduisaient à qui mieux mieux
Il n’y avait plus qu’à s’asseoir et attendre que les deux cents autres tonnes providentielles daignent remonter le courant…
(T’as vu une pierre toi?)
… La barge serait remplie,
le contrat aussi.
Négociations,
chargements,
déchargements,

courses avec les piroguiers,

gamins au bord de l’eau fuyants et s’égaillants à l’approche de la barge,
(façon années ’50 les images précèdent le texte…
J’ai toujours aimé ces ancrages ringards de la situation que tu vois à l’image…
La télévision et le cinéma nous servent-ils autre chose actuellement?)
mais je m’égare, je vois que tu veux connaître la suite.
Seul détenteur de cette mémoire je peux te dire qu’il y avait
des bancs de sable…
Ils ne fallait pas s’enliser!
ou les remous, lorsque le barrage relachait ses eaux.
Après les dangers de la rivière il restait à parcourir la longue savane où les éléphants passaient le plus clair de leur temps… Leurs « cartes de visite » encore fumantes en attestaient,ils étaient nombreux et peu de chance de s’en sortir quand ces animaux vous prennent en grippe.
Certains passage étaient étroits, la piste encaissée et la panne redoutée: seule et sans arme à la nuit tombante (vers six heures et demi, au plus, il fait noir comme dans un four) je ne te dis pas la peur qui peut te prendre quand le poisson émet ses effluves dans la fourgonnette et que les fauves flairent le bon plan…
Deux ou trois hyènes suffisent à te glacer les sangs et te font passer une « sacrée soirée ».
Nous sommes loin des jeux de vingt heures!
pour toi la nuit commence…
Avec ta lampe torche et ton feu allumé à la hâte, attendant le jour.
Sitôt débarqué le poisson à l’usine, elle filait rejoindre mon père, à cent cinquante kilomètres de là, pour étudier ma conception…
Néanmoins… en cachette!
vu que le grand père rôdait dans le coin…
Après ce chimiste Français, qu’il avait soupçonné des pires turpitudes,
ce n’était pas ce petit c.. qui allait lui enlever sa fille!

Et moi je reste là,
interrogeant la moindre image de ce huit millimètres
seul témoignage de cette aventure.

Epilogue:
De cette épopée elle gagna le pari, de justesse,
deux cents quarante tonnes en deux ans.
Imagine.
Le 17 décembre elle aura quatre vingts sept ans
peu lui chaut, elle ne se souvient de rien.
Elle a fait son travail comme elle continue de le marmonner à sa couverture.
J’ai du mal avec ta carcasse sans mémoire tu sais…
Quelle personne extraordinaire tu as été M’man.
A propos, j’ai revu Berquin…
Tu sais qu’il s’appelle Chengé maintenant?
et j’ai retrouvé ta barge près du pont de Bukama dans un bouquin sur le Katanga.

« Tout ça ne nous rendra pas le Congo »
comme dit la boutade restée célèbre par ici.

« Page précédentePage suivante »