Auguste et Raphaël (I).
(Marseille, juillet 2010).
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C’était chez eux, avant tout, une marque de courage.
Auguste et Raphaël avaient passé le plus clair de leur temps à fuir…
Lâches par goût de ces petits riens de la vie,
la saveur des fruits
ou la fraîcheur de l’air du matin
ou encore l’odeur du thym et de la lavande…
Bref ! on ne peut les blâmer.
Les rumeurs de seconde guerre mondiale n’eurent pas l’heur de leur plaire
Le petit moustachu au front barré d’une mèche suspecte et gominée
(vociférant des propos peu amènes vis à vis de la France)
leur avait inspiré la plus grande méfiance quant à leur survie.
C’était dit: la der des ders bis se ferait sans eux.
Les pays, plus belliqueux les uns que les autres, pouvaient se taper sur le chou,
« ce n’est pas mes oignons ma cousine ! » qu’ils se dirent en choeur…C’était décidé ;
ils fuiraient avec vaillance mais néanmoins élégance,
un maigre fardeau sous le bras,
LOIN !…
Ils prirent donc le bateau, dans leur Marseille d’origine,
et naviguèrent vers des contrées plus hospitalières,
laissant le mistral et les cigales occuper l’ennemi.
L’Indochine, la Cochinchine et tout ce qui se terminait en « ‘inn » éveillait en eux des rêves de nuits câlines et de nuits d’amour comme le prouvait la chanson.
(s’il te plaît, Anna).
Arrivés à Saigon ils virent que si le paradis sur terre existait, il était bien là.
Des personnes gentilles, attentives, prévenantes et tout et tout pour ces deux cheminots venus d’Europe…
Un pays de cocagne pour ces deux frères amoureux de la Nature et du « cô-teu-deu-pro-venn’-ceuh-avé-le-glaçon »…
(Dame ! personne n’est parfait !)…
Bien sûr l’homme étant taillé dans la soif du rosé
mais aussi celle du pouvoir
et le désir (itou) de faire du mal à son prochain…
Les affaires bien vite se gâtèrent et,
comme il y faisait de plus en plus chaud,
à regret ils refirent leurs bagages.
Ðiện Biên Phủ se ferait, décidément, sans eux aussi…
(toujours cette sainte horreur du conflit vous dis-je !… Suivez un peu que diable !)
Après l’Indochine ils partirent pour l’Algérie,
peu de temps il est vrai,
et n’attendirent pas que l’autre lève les bras au ciel (en ayant compris)
pour se tailler vite fait.
L’afrique blanche ne voulait pas d’eux…
Qu’à cela ne tienne il restait la noire
Ils descendirent plus bas et par précaution s’enfoncèrent au plus profond de la jungle de cette Afrique et de ces bambous là.
C’est ainsi qu’ils s’installèrent à Foumban en plein pays Bamoun au coeur du Cameroun.
Ils ne voyaient pas vraiment ce qui pourrait (encore) les en déloger…
à part une guerre totale, nucléaire ou des frappes chirurgicales bien sûr …
Auquel cas ils auraient (re)pris la poudre d’escampette:
il leur restait l’Argentine, le Chili, Israël, la Birmanie, l’Angola, l’Afrique du Sud, le Pakistan, Madagascar…
L’île de Pâques, les Galapagos, la lune étaient envisagées avec une nette préférence pour Mars …
Juste par phobie des instincts belliqueux de leur prochain,
ils avaient la géographie inventive et pérégrine.
Décidément les guerres c’était pas leur truc.
…
Mais je vois l’heure,
Rididine m’attend…
Je reviens demain…
(Peut être).
(à suivre).