Archive for the 'végétaux' Category

Bientôt Noël, je m’entraine à faire des petits contes.

Indifférent à la foule,
celle de ces grands magasins
illuminés comme des bordels
pour les fêtes,
le petit bonhomme faisait voguer,
à bout de bras,
son petit navire fait d’une noix
et d’un tout petit bout de tissu
Il s’en allait,
ainsi,
chantant à tue-tête
sa rengaine magnifique,
Ohé ! Ohé ! mâtelooooOOOt !!!
Matelot naviiigue sur les flooOOts…

martelant ses galoches sur le pavé,
Pic ! Pac ! Pouc !
les congères molles des bordures…
Plif ! Plaf ! Plouf !
la neige sale de l’asphalte…
Flitch ! Flatch ! Floutch !
Les flaques froides et glacées du goudron,
Chlip’ ! chlap’ ! Chloup’ !
et P A F !
Il ne vit pas la voiture…

La voix smart et nasillarde du haut parleur dans le « grand magasin » d’à côté annonça :
– Le petit Arthur est attendu par sa maman à l’accueil, au rez-de-chaussée,
je répète :
– Le petit Arthur est attendu…
Et la voix fut couverte par
le bleu électrique intermittent d’une sirène,
au hululement inutile déjà.



Ce qui, pour un conte de Noël,
est assez triste, en somme,
j’en conviens…
Mais vous me connaissez…
J’adore raconter des histoires
et peut être que celle-ci n’est encore,
une fois,
que le fruit de mon imagination,
allez savoir ?

Le vieux garagiste.


.
Couvre-feu.
Quinze raflés.
Comme les autres,
tous blancs
sauf Ilunga,
son mécano,
mort aussi.
Lui se souvenait de cette nuit noire.
Ce froid ravivait ses vieilles blessures.
Pangolin bizarre et hagard
Nu
Fuyant
Sur les coudes
Sur les genoux
Douleurs
Ramper
Ramper
Loin du massacre
Le grand Grec leur résistait
à deux ils s’y étaient mis
Crosse
Coupe-coupe
Battus à mort
Plus de chevilles
Ni de poignets
Cassés
ou plutôt
broyés dans ce camion
Route
Forêt
cours d’eau
voie ferrée
jeep
des militaires aussi
L’avaient emmené
au dispensaire de Lubum.
sans savoir ce qu’il avait vu
Un blanc de soixante-dix ans
nu et à quatre pattes
c’était pas ordinaire…
Ils le feraient parler à l’hosto
Quatorze morts
Seul lui…
Rescapé.
Grâce au grand Grec…
Ami de la famille.
Pour se souvenir.
Pour se souvenir
(bis)
… Et vous me demandez pourquoi ?
Ils sont partis en Août ’67
pour ne plus jamais revenir
(sauf un, il y a peu)
Leurs trois gosses
onze ans,
trois ans
et six mois.
Pour ce souvenir.
Pour ce souvenir
(bis).

As time goes…

Cette parcelle d’intelligence du coeur,
vierge d’intentions mauvaises,
de tout soupçon de félonie,
ou de malignité…



Nous savions, nous, que c’était un jeu,
(profondément) persuadés que plus tard,
lorsque nous serions devenus grands,
on leur dirait,
à tous ces adultes,
ce qu’un enfant peut ressentir
d’une raclée injuste
ou du mensonge auquel,
bien malgré nous,
nous avions assisté ;
l’état de conscience extrême
de cette existence
de cet instant…
Ces mots qui n’existent pas encore,
hormis dans la tête,
déjà.
L’esprit.
Cette parcelle d’intelligence du coeur,
vierge d’intentions mauvaises,
de tout soupçon de félonie,
ou de malignité…
Attendre de grandir avant que…
D’oublier.

Les matitis.

video2
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Travelingue au ras du sol…
Laissant la place à d’autres,
les herbes s’écartent
… Pas ou peu de ciel
un mur
un bond…
amortissant les sons
pierres moussues
puis froid du verre
celui de la serre
madrier d’échafaudage
(provisoire)
de la véranda au tronc
un mètre
et puis l’arbre…
Arrêt…
l’étau se resserre
trois, cinq, sept branches en avant, l’oiseau
J’observe le chat
qui mate la proie…
Et je me souviens de ce crapahutage insensé
au retour de la source jamais atteinte
après les eucalyptus lépreux
à travers les hautes herbes du plateau de la Lukafu,
graminées d’un autre temps
quelques rideaux de bambous
puis une longue clairière
se transformant en savane,
décoiffée d’acacias trop petits,
trop petits pour être un abri au cas où
même plus la force de courir
si le danger est là
je ne dis rien à mes compagnons
du phacochère déboulant fond de caisse
pris de panique pour un rien
ou d’une hyène dont c’est l’heure
mais à défaut de charogne
et en bande
pas de romantisme inutile avec des lions ou des panthères
juste la réalité d’un buffle solitaire dérangé dans sa nuit.
Craintes.
Le soleil se couche à tôt dans ces pays là,
dix-huit heures trente
trop tard
il fait noir
pareil à un four
rejoindre les voitures…
On ne sera pas là avant vingt heure,
et le temps s’allonge
de façon étrangement exponentielle
comme toujours dans ces contrées
la Nature
les gens
tout comme
dans un miroir déformant
de la caillasse
des jambes envoyées en avant sans savoir
tempes qui battent
poumons n’en pouvant plus
(cigarettes !)
fatigue accumulée
crampes aux aguets
parce que le pari d’un vieux fou sans bagage
de son neveu sans cervelle
pareil à une sauterelle,
cachant sa fatigue,
crânant béatement… D’épuisement pauvre con !
(pour la paraphrase)
ces guides toujours trois-cents mètres en avant
ne servant à rien
sinon à embrouiller l’esprit
avec leurs évaluations de distances abracadabrantes
et du temps à mettre pour les parcourir
le cortège a pris du retard
plus d’eau non plus
depuis une heure ;
imbéciles !
défi de cons !
Suivant une forme floue, à peine distincte dans la nuit…
Fantôme de présence
mirage d’humain
L’oeil sans le halo des villes civilisées
ne s’habitue pas dans cette nuit sans lune.
Peu ou pas de son sinon notre marche étouffée
Enfin, très loin, une mince lueur…
Le village.
Le chat n’étant plus qu’à trois branches
l’oiseau s’envole…
Je jubile.
Lui me toise, comme disant :
– un phacochère, un buffle, des hyènes… Vraiment ?
Des fois je me dis qu’on ne raconte pas d’histoires à un chat.
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Pour l’historique de cette « randonnée pédestre » voir l’article ici il y a plus d’un an maintenant.
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Dédicacé à la d@me qui avait adoré l’épopée Congolaise de 2009.o)

Pourvu que la ligue des blondes…


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Mets ton habit, scaphandrier
Descends dans les yeux de ma blonde,
Que vois-tu bon scaphandrier ?
« Je vois un étrange attirail :
Des fleurs, des oiseaux, du corail,
Et de l’or en fines paillettes. »

Mets ton habit, scaphandrier
Descends dans le cœur de ma blonde,
Que vois-tu, bon scaphandrier ?
« Je vois une source très pure,
Je vois des rires et des deuils,
Une oasis près d’un écueil… »

Mets ton habit scaphandrier,
Et dans le cerveau de ma blonde,
Tu vas descendre, que vois-tu ?
Il est descendu, descendu
Et dans les profondeurs du vide
Le scaphandrier s’est perdu

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Lyrics: « La chanson du scaphandrier », Léo
Ferré
[end]
.
Je pense que c’est F. Bismuth qui m’a remis ceci en tête…

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