Le petit jardin malade. (I)
.
De façon imperceptible d’abord
les uns après les autres
les objets tombaient
ça avait commencé comme ça :
ils ne revenaient plus à leurs places initiales.
Le sol se constellait de minuscules particules
où poussières,
copeaux d’ongles,
croûtes de fromages
côtoyaient deux cuillères tordues et un ticket de caisse…
Là un trognon de pomme séché,
ici un mouchoir en papier,
morve gris-jaunâtre figée,
comme recroquevillé sur lui même…
Plus loin un Ilford 400 HP5,
à moitié déroulé,
dont les personnages (un peu surex.)
depuis leurs fenêtres trop mal cadrées,
assistaient impuissants à la débâcle environnante.
Ce petit monde formait une trame double
redessinant la carte de la cuisine.
Le chat observait miettes, particules, objets et aliments ;
tout cela formait de si curieux dessins ainsi mélangés au carrelage.
Ce sol, dont les années ‘60 furent si friandes,
fait d’animalcules de pierres et de gravats
emprisonnés dans le béton… Vivait !
le chat en était sûr.
Sphinx immobile perturbé,
il se méfiait.
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(à suivre).