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L’humilité est la première chose que tu apprends dès le début… (V).
Matin !
Quelque chose s’est tordu dans la carcasse ;
impossible de se relever.
Il amorce doucement un tour sur lui-même
prudemment se retrouve sur le ventre
et amorce un lent demi-tour,
à plat,
vers la sortie,
doucement…
Maudissant la largeur de cette tente.
Le zip de la fermeture éclair tiré sans bruit
il n’ouvre que le bas,
(plus haut impossible.)
Les lombaires lui scient le dos
Se repte, péniblement, au travers de l’ouverture
La toile se distend pour laisser place à la tête
puis les épaules passent,
le reste du corps avec ;
la rosée lui mouille le ventre.
– c’est un garçon se dit-il en lui-même, comme pour dédramatiser.
La canadienne vient d’accoucher d’un charmant bambin d’un mètre quatre-vingt.
Un peu gauche, c’est vrai.
Il ramène ses genoux sous lui
puis se redresse à quatre pattes
et marche,
toujours dans la même position,
vers l’arbre le plus proche,
distant de cinq longs mètres.
Son vélo y est adossé.
…
Prendre cet arbre,
le considerer,
s’y appuyer,
remonter le long de son tronc,
s’aidant des mains,
tout doucement,
tromper cette ceinture de douleurs ;
enfin,
épuisé,
dans la position qui caractérise tout bipède normalement constitué,
hébété,
il reste un long temps contre le platane,
« son » platane désormais.
Considère les alentours,
la brume sur les champs ;
belle, la brume.
La pâle lueur du soleil ;
pâle, le soleil.
Le silence et sa fraîcheur.
Froid.
Il contourne le tronc à pas de sioux,
défait le cadenas
restant droit,
poliment,
puis,
tenant le guidon et s’appuyant sur la selle,
se met en devoir de faire le tour du camping d’un pas de sénateur,
le regard bloqué vers l’horizon…
Se félicitant de toujours se lever tôt…
Il est cinq heures moins le quart…
Tout est calme,
endormi…
Pas de témoin !
La roue-libre du bexon,
guillerette,
produit son petit son de roulement à bille.
Contente.
Quelques graviers craquent et croquent sous ses pas,
une feuille morte de sa tige joue crécelle
un instant dans les rayons
puis abandonne,
voyant que ça ne fait pas rire.
Le dos se soulage…
Se redresse peu à peu.
…
Se demande comment il fera les quatre-vingt kilomètres de la journée dans cet état.
Après-midi.
…
La scène se passe dans un milieu très guindé
de la haute société Britannique,
dans une colonie d’Afrique,
au début du XXème…
Dans l’ombre trop peu discrète du palmier
jouxtant la barza,
l’héroïne vient d’assister à un baiser fougueux
entre son mari et un autre homme,
le boy de la maison, en l’occurence…
Elle retourne dans la lumière du salon,
et, prenant son sac, s’adresse à la maîtresse des lieux en lui lachant :
« … Comme le disait mon amie Lotus Weinstock…
Je voulais changer le monde…
Maintenant je veux juste quitter la pièce avec dignité. »
Et elle sort.
…
Cette dernière phrase la faisait sourire ;
Wispra se dit qu’il était temps
de piquer une tête dans l’eau.