Archive for the 'collage' Category

Elle venait de la repasser, sa petite robe à carreaux…

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Envie de savoir
ce qu’elle tapait à la machine
ce jour là.
Rien d’important peut-être…
Quelques lignes à une amie,
peut-être un ami…
Ou un article,
oui un article.
Ça me va.

C’est une image gigogne
qui se donne à lire
qui donne envie d’écrire ;
le toaster donnant à voir
en perspective curviligne exagérée
(tel un van Eyck, dirait l’autre)
le micro hors-champ derrière la machine à écrire
la housse de l’appareil photo devant,
un Zeiss Ikon peut-être…
Le miroir lui-même,
plus grand,
donnant à voir une troisième personne dans la pièce
hors-champ elle aussi.
On l’a déjà vue dans le reflet du toaster, du reste.
Jouant comme des fenêtres virtuelles
deux petites reproductions
pareilles à des Gauguin
achèvent la perspective de l’image
par delà le reflet.
Les persiennes derrière,
probablement une porte,
séparent la cuisine du séjour,
ou de la chambre avec le bureau.
Nous sommes dans un petit appartement
ou une guest-house.
Le sucrier, et peut-être un beurrier à droite de Wispra…
Oui, elle s’appelle Wispra, ça me revient maintenant;
son sac sur la table attestent de l’exiguïté de l’espace.

Gary se dit qu’il y avait, là, de quoi immortaliser
avant d’aller pique-niquer au lac de l’Étoile.
Au moment de déclencher,
il vit, trop tard, la housse de l’appareil et se maudit intérieurement.
Il passeraient chez les Servais voir si son collègue avait un 6 x 6 à lui vendre…
Il avait envie de faire quelques images avec le Rolleiflex
Finalement ils restèrent,
là,
l’après-midi,
à baffrer de la tarte aux groseilles du Cap
que madame servais faisait si bien.

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Un certain Malick.

Ce couple qui danse reste un monument de simplicité et de fraîcheur…
Un soixantième de bonheur.

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Je garde une profonde tendresse pour Malick Sidibe tant il me rappelle ces années adolescentes,
perdu au fin fond du Cameroun,
à Foumban…
J’allais porter mes films noir et blanc à développer dans un magasin pareil au sien à Bamako… C’est à dire une petite officine où le bonhomme faisait tout lui-même au milieu d’un fatras d’appareils démontés, de revues, de chiffons sales.
Oh ! Ne me demandes pas le nom, je ne m’en rappelle plus…
C’était juste à côté de la quincaillerie de Pauleau… Raphaël, pas Auguste… Auguste tenait la librairie, plus loin.
Mais je m’égare.
Le film était développé « dans la semaine sans faute » et revenait toujours « un peu voilé », un peu « pâlichon  » mais bon !
Les tirages gris, plutôt que noir et blanc restaient magiques.
Si tu es en Afrique pour avoir la perfection, t’es mal barré !
Tu fais avecque,
et c’est bien comme ça…
Tu sais, c’est comme pour la viande :
au marché, les mouches ;
on passait sous le robinet avant et on « la cuisait bien ».
tu avais des vers ou pas.
Mais revenons à nos photos.
Malick a eu la mauvaise idée de nous quitter hier,
il laisse une œuvre considérable,
sans autre ambition que de capturer la vie,
le moment ,
mais tellement bien,
tellement simplement…
Tellement simplement.
Je ne vais pas faire dans l’hommage appuyé ou la nécro,
je préfère garder cette petite parcelle d’adolescence,
fugitivement entr’aperçue sur ses clichés au bonhomme.

Benoit Facchi a rencontré le bonhomme et en parle très bien sur son blog et André Magnin lui rend un bel hommage aussi.
Par contre si on veut approfondir à la photographie en Afrique on lira « Préserver les archives photographiques africaines : pour une cartographie des acteurs et des initiatives » qui est un assez beau tour d’horizon du sujet.

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Album d’inconnus dans « la patrie d’eaux » de Marguerite Duras.

Comme il est bon de se promener dans les différents albums d’inconnus, chez Elisabeth K.L.
L’autre jour dans un lot chiné sur le net,
elle tombe,
par hasard,
sur un petit trésor datant de l’Indochine…
Évidemment,
ça fait rêver,
tu ne sais pas de quoi se compose la boite ;
du banal ou du grand art ?
Une réalité quotidienne transcendée par le temps ?
De la nostalgie en branche ?
(Je reviendrai un jour sur le sujet).
Elle a fait un album
(sur un réseau social fort connu dont je tairai le nom)
et a mélangé cette famille lambda et une certaine Marguerite.
Mais, je lui laisse la parole…

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Les jonques, le port, le bungalow, la véranda, la blancheur éclatante des costumes des européens, les femmes coiffées de chapeaux des années trente, leurs cigarettes, les buffles, une voiture noire aperçue près de la rivière, un barrage, le brouillard et puis l’eau surtout. L’eau partout. C’est un peu de l’enfance et de l’adolescence de Marguerite Duras, que l’on retrouve sur ces petites photos (6 X 5,5 cm) arrivées jusqu’ici.

Au dos de l’une d’elles, la mention d’un lieu – le rocher de Minh Binh – et une date – juin 1930 – renforcent encore cette proximité. Minh Binh, dans le delta du Fleuve Rouge, entre la mer de Chine – le « Pacifique » de MD – et Hanoï. Hanoï où, avant le Cambodge, Henri Donnadieu sera nommé à la tête du collège du Protectorat. On est alors en 1917 et Marguerite, née le 4 avril 1914 à Saïgon, n’est encore qu’une toute petite fille.

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« Hanoï… Cloaque infect trente ans auparavant, la ville, quand la famille Donnadieu y débarque, est devenue un mini-paradis parisiano-tropical. Dans la rue principale, les salons de coiffure parisiens jouxtent les parfumeries luxueuses, les magasins du dernier cri et puis tous ces cafés, café du Commerce, café de la Place, café Albin et, surtout, le café Beine, où Mme Beine, cantinière en retraite, vient à la fraîche sur la terrasse, vêtue de sa capeline, servir de l’absinthe aux officiers de la citadelle. Au cœur de la vieille ville, des pagodes ont tout juste été détruites pour permettre la construction des nouveaux bâtiments administratifs: la Marine, le Trésor, la Poste, la Résidence. Au bord du lac, des promenades ont été aménagées comme dans les jardins
publics français; sur le lac, les jeunes militaires montrent leurs muscles en pratiquant le canotage. Avant la mousson, quand le ciel se voile, on pourrait se croire dans une allée du bois de Boulogne, un dimanche d’automne, avec tous ces jeunes gens si bien habillés et ces jeunes femmes à bottines s’abritant le visage derrière des ombrelles ouvragées. »
(Laure Adler, Marguerite Duras, Biographies Gallimard).

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Treize ans plus tard, quand sont prises ces photos d’anonymes, c’est la rencontre de MD avec l’amant à Sadec, petite bourgade endormie à 150 km de Saïgon, coincée entre deux bras du Mékong.

« Je descends du car. Je vais au bastingage. Je regarde le fleuve. Ma mère me dit quelquefois que jamais, de ma vie entière, je ne reverrai des fleuves aussi beaux que ceux-là, aussi grands, aussi sauvages, le Mékong et ses bras qui descendent vers les océans, ces territoires d’eau qui vont aller disparaître dans les cavités des océans. Dans la platitude à perte de vue, ces fleuves, ils vont vite, ils versent comme si la terre penchait.
[…] Sur le bac, à côté du car, il y a une grande limousine noire avec un chauffeur en livrée de coton blanc. Oui, c’est la grande auto funèbre de mes livres. C’est la Morris Léon-Bollée. La Lancia noire de l’ambassade de France à Calcutta n’a pas encore fait son entrée dans la littérature. »

Et dans cet album, les photos d’inconnus voisinent avec les rares images retrouvées dans les souvenirs de la famille Donnadieu.

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(Avec l’aimable autorisation d’Elisabeth K.L.)

Correspondance du matin.

La pluie s’est enfin arrêtée.
Profitons-en pour
faire sécher les fantômes de la nuit.
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La grande illusion.

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times sq un (copie) from luc lamy on Vimeo.


Reflets fluides et grisants,
mirage perpétuel des vitrines de magasins,
fondu-enchaîné des produits,
tout s’achète et tout se vend,
Ça glisse,
ça passe…
Surf.
Fata morgana chère à Pratt,
les gens traversent le cadre,
Agoraphobie ?
Non.
Là, non…
C’est fluide je te dis.
Bouillon sanguin continu
aspiration constante,
pulsation régulière
ou extrasystoles passagères
interpénétration à l’infini
comme s’ils se faisaient l’amour
zabriskie Point en plein milieu de là,
Times square,
imagine.
Des dizaines,
des centaines,
des milliers d’êtres qui se traversent,
s’assemblent,
se disjoignent,
tout en transparence,
lumière,
extase,
beauté…
Ersatz de plaisir dans le consumérisme absolu de la quarante-deuxième rue :
tu es sur Broadway !
Tu es le roi !
Revlon te le prouve : selfies !

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Non, tu n’es rien…
Car,
passé le reflet…
La réalité.
Mickey dévoile son vrai visage.
C’est un migrant.
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