Où il sera question de la traçabilité et de l’obsolescence programmée des fruits et légumes aboutissant à une ouverture aisée de la noix de coco par la ménagère lambda. (En hommage à Alphonse Allais, autre grand inventeur, trop méconnu).
…
Une mienne amie (Rididine, vous l’avez deviné) achète l’autre jour une noix de coco mais la pauvre reste là, avec son fruit, sans pouvoir le lait suave atteindre ni le coprah croquant manger, car elle ne peut l’ouvrir.
Comme chacun sait, il suffit de prendre une pointe ou un tournevis pour extraire au préalable le jus puis, à l’aide d’un marteau, quelques petits coups secs asséner, pour qu’en faisant tourner le fruit sur un même axe, la noix la plus récalcitrante s’ouvre à vous… Si-si !
Simple, mais, il faut une pointe et un marteau…
Et onques il n’y avait dans ce merveilleux petit bungalow de front de mer.
(Ah ! Ce merveilleux petit bungalow de front de mer !)
En séchant sur le problème,
sang et eau,
il faut bien le dire,
tel Archimède dans son bain
(« tout corps plongé dans un liquide en ressort mouillé » ou quelque chose du genre…)
j’essayais de résoudre le problème, de mon amie, en jouant pensivement avec mes nouveaux petits canards en plastique achetés le matin même.
C’est alors qu’il me vint une idée,
Je me frappai le front en hurlant :
La seiche !
Bon sang !
Mais c’est bien sûr !…
Une idée toute bête, disais-je,
(saugrenue diront certains esprits chagrins et retords)…
L’idée d’intervenir et de modifier le code génétique de la noix.
L’encre de seiche étant le moyen le plus naturel,
voire écologique,
de solutionner le dit problème.
Vous me connaissez maintenant, je me mis au travail sans tarder, non sans m’être séché, auparavant, en sortant du bain. (Archimède avait tout de Lapalisse).
En effet, il suffisait d’intervenir sur deux ou trois acides aminés, quelques bases et trois lipides en utilisant de l’encre de seiche pour marquer, quant à la typo, pour les pointillés comme pour les lettres, j’userais des merveilleuses petites perforations des échinodermes (des oursins, si vous préférez) en guise de pochoir et le tour serait joué.
Avant de m’attaquer à la noix de coco, j’intervins sur la poule.
(Rappelez-vous, j’en possédais quelques centaines par héritage familial).
La poule ne souffre pas,
je vous rassure,
que du contraire.
En même temps qu’elle picore sur un clavier elle peut désormais inscrire la date et l’heure sur son œuf, avant la ponte, signaler qu’elle est nourrie au grain de maïs ou à l’herbe, parfois les deux (les gens sont avides de ces détails de traçabilité) et pondre son œuf tranquille puis vaquer à son heureux quotidien de gallinacé.
Si l’idée, ô combien saugrenue, lui vient de couver son œuf, elle peut aussi programmer la date de naissance du poussin et même choisir son nom (en appuyant sur le côté ou en faisant un petit mouvement du croupion discret).
C’est ainsi que vous pouvez, désormais, acheter des œufs dans toutes les bonnes épiceries, dont la date de ponte et d’expiration du produit figure sur la coquille.
Pour en revenir à la noix de coco de mon amie, je décidai d’appliquer le même principe.
Il suffisait de faire en sorte qu’un pointillé et une petite paire de ciseaux apparaissent imprimés sur l’équateur de la coque pour, à l’aide d’une paire de ciseaux à ongles même ébréchés, ouvrir la noix de coco sans difficulté aucune.
Programmer sur la base du tronc du cocotier, à l’aide du petit boîtier greffé, le digicode ou tout types d’informations susceptibles de venir en aide au consommateur devient alors un jeu d’enfant.
Quant au jus ? Me direz-vous, car je vous sens passionnés… Un petit opercule s’ouvre, au travers duquel vous introduisez une paille afin d’aspirer le précieux jus (je vous en prie, pas de réflexions salaces, ceci n’est pas le lieu).
Restait à résoudre le problème du contraste, une noix de coco étant brun-foncé et en prenant de l’encre de seiche albinos, les dates de ponte (sic), de péremption, la provenance, le pointillé et les ciseaux apparaissent sur en blanc sur fond foncé… C’est plus joli, non ?
Je compte à présent m’attaquer aux noix et aux œufs d’autruche,
ne faisons pas les choses à moitié.