Archive for the 'sous l’eau' Category

Apnée.


Comme une rupture de ton.
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. »Les bateaux de papier »
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Jour après jour et un à un, mes bateaux de papier flottent sur la rivière, portés par le courant.
Sur leur coque, j’inscris en grandes lettres noires mon nom et celui du village où je demeure.
Quelqu’un là-bas, dans un pays éloigné, les trouvera, j’espère, et apprendra qui je suis.
Je charge mes petits bateaux de fleurs de shiuli cueillies dans notre jardin dans l’espoir que cette floraison de l’aube aura la bonne fortune d’aborder au pays de la nuit.
Quand j’ai lancé à l’eau mes bateaux de papier, je lève mes yeux vers le ciel, et voilà que de petits nuages apprêtent leurs voiles blanches et bombées !
Quelque camarade joue-t-il avec moi de là-haut, les faisant partir sur le vent, pour courir avec mes bateaux ?
Quand la nuit vient, j’enfonce ma tête dans mes bras et je rêve que mes bateaux de papier voguent toujours, toujours plus loin, sous la clarté des étoiles de minuit.
Les fées du sommeil y voyagent et la cargaison, ce sont leurs paniers pleins de rêves !
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(Rabindranath Tagore, Le jardinier d’amour – La jeune lune, Poésie/Gallimard)
Ps : Je pense que c’est F. Bismuth qui m’avait ouvert à ce petit texte…
Si ce n’est lui, qu’il se dénonce.

C’est dingue ce que ça repousse vite !


Dès que tu as le dos tourné, pouf ! c’est la brousse !
Rididine et moi avons eu fort à faire pour remettre de l’ordre dans tout ça !
le temps d’inventer un petit engin et le tour était joué…
Du coup nous en avons profité pour faire quelques photos.
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(Avec la complicité de Bruce Mozert).
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Une drôle de partie de golf.

Le Lulualo.


Bon ! évidemment ce n’est encore qu’un prototype mais !
Je suis sûr que l’idée va faire son chemin…
Ici, c’est mon ami Pluplu (dont je vous ai déjà parlé par ailleurs)
qui s’est amusé à l’essayer.
Je le laisse souvent faire ce genre de pitrerie car il adore.
Je retourne à mes plans :
il y a quelque chose qui cloche là dedans…

Le témoignage du principal intéressé :
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Mouaaaaaaahh! Si je m’en souviens! Il fallait enfiler ses jambes dans des sortes de bas en caoutchouc, l’extrémité palmée. De la plage, il suffisait de marcher un peu pour aller se mettre à l’eau!

Les essais en haute mer, ça été autre chose! Me suis retourné presque aussitôt, ma queue de poisson en l’air, très agitée pour cause que j’étais en train de me noyer! De loin on me prenait pour un requin : qu’est que j’en ai pris des harpons dans les cuisses, dans les mollets!!

Hé son Luc? T’as pas oublié de le talquer ton lulualo? Important! Bon, si tu as besoin de moi, hésite pas! Suis là!
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signé Pluplu.

Au bord du Wouri (suite de « On venait pour la clim’.  » )


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En saison sèche
comme en saison des pluies où,
des jours durant,
l’expression « vache qui pisse »
était un doux euphémisme prêtant à sourire,
ce lieu était la quintessence du mouillé.
Une lumière gris de plomb,
des gouttes grain à grain,
« flac! » sonore des premières,
puis flaques en nymphéas liquides des suivantes
des soucoupes immenses s’étalaient alors :
il était déjà trop tard pour se mettre à l’abri…
Crachin, cordes, saucée, hallebardes, déluge, drache…
(On avait appris ce mot de Belges qui résidaient à côté )
Tout était décliné pour montrer ce qu’il y avait en magasin…
Afin de créer de nouvelles voies d’eau dans la ville et ce pendant six mois…
Parfois le ciel délavé et lassé de ce rinçage donnait un répit de courte durée…
Une semaine, peut être deux…
Puis recommençait à déverser ses seaux torrentiels et furieux sur la boue, à peine séchée, de la ville.
Concurrence déloyale au delta du Gange, on était dans un triste record de dix à douze mètre cubes par an dont on se serait bien passé grâce aux alizés facétieux.
Que de pastis tu pouvait rallonger en regardant ce rideau de flotte !
Avec ça tu changeais de chemise deux à trois fois par jour…
Après la douche d’usage (sic),
dont tu ne séchais jamais,
(la serviette était déjà trempée avant de commencer )
l’impression de fraîcheur durait un trop court instant.
Les murs suintaient, les gens aussi…
L’odeur de moisissure persistante donnait le même goût à la nourriture…
Au milieu de cela une marmite de saloperies, en tout genre, où tout n’était que spore désirant éclore.
Un bouillon de culture à faire pâlir d’envie un jeune laborantin en recherche de sensations…
La pourriture s’emparait de tout… Bourbouilles, furonculoses , dysenteries, vertiaux…
Cinquante-deux, on en a compté, dans la famille !
« hyménolépis nana » monsieur !…
Ascaris ? faut bien cuire la viande , bouillir l’eau…
Longtemps !… Tout ça.
Impétigo ? eau d’Alibour!
Chiques, moustiques, cafards, araignées et autres insectes
s’en donnaient à coeur joie, à l’abri, dans les maisons…
En un mot comme en cent, Douala était insupportable.
Mon père demanda sa mutation.
Nous avions tout de suite treize ans en pente douce avec vent arrière !
Je fis mes adieux à Rididine…
Ah ! Rididine ! rappelez-moi de vous en parler.

Drive in.

Hier soir avec ma copine on est allé au nouveau drive-in du coin
voir un documentaire sur Ténériffe…
Ensuite le programme passait une rétrospective
de différents films d’art et d’essai
d’un jeune cinéaste talentueux dont j’oublie le nom.
C’est là qu’elle m’avoua qu’il était son amant depuis six mois déjà.
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« Dard et décès », me dis-je, en l’étranglant.
(Encore un petit conte cruel, court il est vrai ).

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