Archive for the 'sous l’eau' Category

Fin du monde.


Un bout de corde, une grande feuille d’aluminium et une mappemonde gonflable dans le bain remplacèrent les canards et les sels de bain.
Pour avoir une vision d’apocalypse macrocosmique il suffisait d’agiter l’eau pour maintenir le chaos nécessaire…

Les tortues, Théodore Monod, Alain Bombard et moi.


Écrin des tortues, l’aquarium trônait sur une desserte dans la véranda, la lumière était d’un gris laiteux avec les champs en grand manteau blanc, couleur porridge figé;
je n’aime pas l’hiver.
Les tortues somnolaient mollement, les unes contre les autres,
quatre en tout,
nous sommes dans sa cuisine et je lui raconte mes (petits) malheurs, mon état de souffrance quasi congénitale face à « ces petites épreuves que le seigneur…  » (il déchire sa race celui-là!), les mots me manquent, la bouche sèche, l’esprit triant à fur et à mesure ce que je dis, prenant soin, au passage, de ne pas trop en dire non plus,
par pudeur, ne pas la gêner…
Je considérais l’horizon des champs conscient que cela faisait partie des dernières images que ma rétine imprimait…
la lumière n’était décidément pas belle…
Même Millet n’en aurait pas voulu pour paysage
« Hêtre ou pas hêtre », j’envoyais paître le poète.
C’était en hiver
ça n’allait pas ce jour là
je perdais mes billes
et me retrouve chez cette amie
où de la corde… Ou de l’arbre j’hésitais
dans un état tel que le conscient ne répond plus
me retrouvant spectateur de ma propre fin
la tête ne veut pas
le corps dirige
ou le contraire…
Je ne sais plus.
La seule chose dont j’étais sûr c’est que le drame se passerait sans moi
sans mon accord, « à mon insu de mon plein gré » comme disait l’autre sur ses pédales
mourir à la rigueur,
mais en l’ayant décidé
pas malgré soi,
tout ça parce que deux ou trois enzymes manquent là haut à gauche
les neurones trouvant, ma foi, fort sympathique de se lover en voiture autour d’un hêtre qui ne vous a rien fait,
et la raison profonde, le « je » qui n’est pas d’accord
… Pas du tout d’accord,
mais une force profonde, un mal de vivre,… Là!… Attendant son écot.
Cherchant en vain une issue,
les trucs habituels ne marchaient plus
« un hêtre qui ne vous a rien fait », « un seul hêtre vous manque » cela me faisait sourire, dans mon désarroi, mon dernier jeu de mot, me disais-je, celui qu’on se raconterait à l’enterrement.
Les tortues restaient là, l’oeil torve, ultimes représentantes préhistoriques,
sous leurs carapaces de sourdes pensées sur leur disparition prochaine s’engluaient dans cette hibernation qui n’en finissait pas…
Dans mon méli-melo d’idées « noirte » je pensais au colonnes du monde qu’elles supportent, regardant vers la mer, depuis la Sagrada…
C’est alors qu’elles se mirent à s’agiter, à se monter les unes sur les autres, à faire un raffut silencieux d’écailles et de clapotis pour réclamer leur pitance…
C. se leva en disant « regarde elles demandent à manger, elles sortent de leur hibernation, c’est le printemps météorologique, c’est prodigieux, non? »
Nous étions le 1er Mars.
Comment ces êtres antédiluviens, vivant sans montre, pouvaient savoir, vingt jours à l’avance?
Balayés les instincts de mort, la campagne s’éclairait.
Pareil à Théodore Monod, trouvant une petite plante verte au milieu du désert, alors qu’il était au plus mal, le déclic se fit…
Idée de génie de cette Amie?
prétérition pudique, de sa réponse, à mon désarroi?
au cinquantième jour de naufrage, Bombard connu le même genre de détresse, mon amie l’accompagnait peut être, passagère clandestine du zodiac?
* * *
Dire que j’avais la « pêche » en rentrant, serait mentir, mais qu’on ne vienne plus me dire que le tort tue… La salade passait un sale moment.
(à Chantal, Marie (collectionneuse de tortues en tout genre) et Anne (à qui j’avais promis de raconter cette histoire).

Interlude.

.
… c’est vrai qu’on finirait par avoir une nostalgie des interludes d’antan.

Le petit bateau de pêche.


« C’était un petit tout petit voilier
Un petit bateau de pêche
On l’avait bâti d’un bout de papier
Et d’un vieux noyau de pêche
Dans un petit port entre deux roseaux
On l’avait mis à l’amarre
Il appareillait dès qu’il faisait beau
Pour naviguer sur la mare

Mais un jour le petit bateau fit un rêve
A son tour il voulut entreprendre un voyage au long cours
Alors il s’en fut magnifiquement
Tout là bas vers les tropiques
La vie qu’il menait lui donnait vraiment
Des idées misanthropiques

En l’apercevant chaque nénuphar
Craignait qu’un malheur n’arrive
Et le ver luisant qui servait de phare
Lui criait rejoins la rive
Mais il répondit d’un air malséant
Je ne crains pas les déboires
Aussi bien le fleuve et les océans
Ce n’est pas la mer à boire

Quel plaisir de voguer ainsi sur les ondes
Quel plaisir de pouvoir naviguer au gré de son désir
Le ciel est tout bleu et le vent léger
Tous ces braves gens divaguent
Je me moque bien d’ailleurs du danger
Car je n’ai pas peur des vagues

Il ne savait pas qu’à côté de lui
Un canard faisait trempette
Pour notre bateau qui était si petit
Cela fit une tempête
Et rapidement je vous en réponds
Les événements se gâtent
L’eau s’est engouffrée dans les entreponts
Adieu la jolie frégate

Sauve qui peut criait le navire en détresse
Sauve qui peut je ne vais plus jamais revoir le beau ciel bleu
Et tout en pleurant sa vie d’autrefois
Le petit bateau chavire
Ça prouve qu’il faut demeurer chez soi
Quand on n’est qu’un petit navire »

Musique & paroles Jean Lumière,
chanté par Georges Brassens dans l’album « chansons de sa jeunesse ».

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Ilunga, les poissons, il s’en fish(ait).


Depuis que bwana S. lui avait dit que les perles naissaient au fond des huîtres,
il imaginait en pêcher une dont l’orient ferait se pâmer cette fille rencontrée à la cueillette du miel.
Il espérait la nacre et ne voyait pas les paillettes.
Pauvre Ilunga c’était sur de l’or qu’il était assis.

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