Archive for the 'chevelure' Category

« Magics moments » sur le Teppaz.


Brownie est un pote que j’ai trouvé l’autre jour sur le marché
son flash de bakélite avec son oreille de « mi-quiet » méritait une petite danse
Leslie s’exécuta sans se faire prier, sur un air de Perry Como.
Mon objectif est de lui faire bouffer du six/six
pour en tirer le portrait de la donzelle qu’il a du connaître en son temps:
ça lui rappellera des souvenirs de « promenade des Anglais ».
En refermant cette parenthèse, comment ne pas évoquer « Grand Jacques » et sa « place » (de l’époque « mi-scout/mi-curé ») je ne peux nier qu’elle m’inspire encore, au même titre que « les passantes » de Georges,
elle reste tout de même attachante:
petite piqûre de rappel.

« Sur la place chauffée au soleil
Une fille s’est mise à danser
Elle tourne toujours pareille
Aux danseuses d’antiquités
Sur la ville il fait trop chaud
Hommes et femmes sont assoupis
Et regardent par le carreau
Cette fille qui danse à midi

Ainsi certains jours paraît
Une flamme à nos yeux
A l’église où j’allais
On l’appelait le Bon Dieu
L’amoureux l’appelle l’amour
Le mendiant la charité
Le soleil l’appelle le jour
Et le brave homme la bonté

Sur la place vibrante d’air chaud
Où pas même ne paraît un chien
Ondulante comme un roseau
La fille bondit s’en va s’en vient
Ni guitare ni tambourin
Pour accompagner sa danse
Elle frappe dans ses mains
Pour se donner la cadence

(refrain)

Sur la place où tout est tranquille
Une fille s’est mise à chanter
Et son chant plane sur la ville
Hymne d’amour et de bonté
Mais sur la ville il fait trop chaud
Et pour ne point entendre son chant
Les hommes ferment leurs carreaux
Comme une porte entre morts et vivants
Ainsi certains jours paraît
Une flamme en nos coeurs
Mais nous ne voulons jamais
Laisser luire sa lueur
Nous nous bouchons les oreilles
Et nous nous voilons les yeux
Nous n’aimons point les réveils
De notre coeur déjà vieux
Sur la place un chien hurle encore
Car la fille s’en est allée
Et comme le chien hurlant la mort
Pleurent les hommes leur destinée. »

Il y a deux jours.

Aujourd’hui tu as eu 86 ans
tu te souviens des Vandierendonck?
leur fille, Monique,
zamani (autrefois) nous jouions dans le jardin elle et moi,
pendant que les grands prenaient le goûter sous la barza;
elle m’expliquait, dans un mail qui commençait par « Yambo sana, nduku ya kala kala… » (*)qu’au Canada le printemps et l’été sont comparables au climat du Katanga,
tu te souviens?
elle venait aussi à la maison,
les cadets jouaient plus loin,
elle ne viendra plus…
il y a deux jours de cela,
à Calgary.
M’man, je me souviens pour toi,
pour deux, pour trois, je me souviens,
je ne sais plus…
Je n’ai vraiment pas aimé cette journée.

(*) Bien le bonjour, camarade de longue date, (d’il y a très longtemps).
Kwa heri Monique.

… Mais sont-ce des poupées?

Bien sûr que sa copine lui manquait,
elle qui avait insisté auprès de sa mère pour avoir une poupée noire à Noël, afin que leur dînette de l’après midi soit une réussite;
hélas les voisins durent évacuer à la hâte,
laissant quasiment tout derrière eux,
… Et après le pillage de la maison, par les rebelles (selon certains)
par l’armée (non payée depuis des mois) en réalité
un trésor,
elle avait trouvé un trésor,
ce couvercle,
que dis-je ce plateau!…
Qui serait du plus bel effet sur la table.
Peut être qu’Anne reviendrait,
de son pays,
quand les grands n’auraient plus rien à piller…
Et qu’elle pourrait l’inviter dans « sa maison de poupée » à présent.

(pointe sèche et roulette, épreuve d’artiste 1/1)

à même ta peau

Mes pas dans les tiens,
tu es loin devant
petits grains de sable et goëmons
Coquillages et galets en grains de beauté
ballade sur la peau de ton dos
tu dors encore
flux et reflux des vagues
petit déjeuner qui se prépare
carte du tendre
bouquet de lys,
jus d’orange (Ô des espoirs),
marmelades et pain grillé,
croissants aussi
la plage était belle ce matin en allant les chercher.
Le café embaumant la chambre
réveil à son odeur,
te regarde.
Voyant l’heure, tu boudes pour la forme,
j’ai envie de retourner sur la plage de ton dos,
à la naissance du varech de tes cheveux.

C’est alors que je vis ce poisson mort, à trente centimètres de mes yeux,
l’eau avait envahi la tente,
marée plus haute que prévu!

L’inconnue de la Seine.


Son visage me disait quelque chose,
je travaillais avec elle depuis déjà deux ou trois ans
et je ne sais où je l’avais vue.
Ce n’est que lorsque nous travaillâmes dans la baignoire, deux heures durant, et que
j’eus engrangé en super huit accéléré des images pour quinze ans…
(La preuve! ces images datent de ’90) que la réponse vint.
Le travail fini, dans la cuisine, elle se chauffait les pieds près du four,
frigorifiée dans ce peignoir trop large sur ses épaules
un pauvre petit sourire apparu sur son visage,
fatiguée de cette trop longue immersion,
néanmoins contente de ce qu’elle avait donné,
plongée dans son bol de thé,
silencieuse,
l’évidence que c’était ma « noyée de la Senne »
était claire!
pas si inconnu pourtant, ce sourire, en avait étourdi plus d’un.
Je l’ai embrassée dans le cou et ne lui ai rien dit.
« Il a le sentiment qu’il le regrette encore » aurait dit Georges…

« Quand je résidais à Eze, dans la petite chambre (agrandie par une double perspective, l’une ouverte jusqu’à la Corse, l’autre par-delà le Cap Ferrat) où je demeurais le plus souvent, il y avait (elle y est encore), pendu au mur l’effigie de celle qu’on a nommée « l’inconnue de la Seine » une adolescente aux yeux clos, mais vivante par un sourire si délié, si fortuné (voilé pourtant), qu’on eût pu croire qu’elle s’était noyée dans un instant d’un extrême bonheur. Si éloignée de ses œuvres, elle avait séduit Giacometti au point qu’il recherchait une jeune femme qui aurait bien voulu tenter à nouveau l’épreuve de cette félicité de la mort. »
Maurice Blanchot, Une voix venue d’ailleurs.

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