Archive for the 'chevelure' Category

Aucun Boeing sur mon transit…


Après avoir raté le premier transit vers Lubumbashi,
matabiche au « policier-de-la-douane-et-de-l’immigration »
Dans cette salle d’attente,
court moment de détente,
embarquement incessant,
féline,
elle remet de l’ordre dans tout ça,
la fatigue est là,
la grâce aussi.

« Aucun Boeing sur mon transit
Aucun bateau sous mon transat
Je cherche en vain la porte exacte
Je cherche en vain le mot exit
… »
(Serge Gainsbourg).
… magnéto Serge! « l’anamour »

La noyée.


C’est fou ce qu’on est influencé par des réminiscences.
On oubliera d’autres interprétations…
Et je laisse la parole à Serge.

« Tu t’en vas à la dérive
Sur la rivière du souvenir
Et moi, courant sur la rive,
Je te crie de revenir
Mais, lentement, tu t’éloignes
Et dans ma course éperdue,
Peu à peu, je te regagne
Un peu de terrain perdu.

De temps en temps, tu t’enfonces
Dans le liquide mouvant
Ou bien, frôlant quelques ronces,
Tu hésites et tu m’attends
En te cachant la figure
Dans ta robe retroussée,
De peur que ne te défigurent
Et la honte et les regrets.

Tu n’es plus qu’une pauvre épave,
Chienne crevée au fil de l’eau
Mais je reste ton esclave
Et plonge dans le ruisseau
Quand le souvenir s’arrête
Et l’océan de l’oubli,
Brisant nos cœurs et nos têtes,
A jamais, nous réunit. »

Pour l’original, magnéto Serge, doc. INA.

Ilunga (Jean Stéphane du Katanga.)


N’étant plus très sûr de ma plume je me lançai dans l’étude de la tête d’Ilunga (du Katanga) en pensant aux « quatre têtes de nègres » de Rubens.
Peut être faudrait-il dire, à présent « quatre (études de) portraits de minorités visibles »?
Toujours est-il qu’Ilunga n’avait pas son pareil pour tendre des collets dans la brousse et pour grimper aux manguiers, j’ai beaucoup appris avec lui.
« Tête de turc » de l’instit., il attendait stoïquement la récré pour nous épater.
L’était très bien ce môme, gavroche des matitis*,
avec le recul, je pense que l’instituteur l’aimait bien aussi.
*matitis: hautes herbes en Swahili
dessin plume, pinceau et au brou de noix.
« quatre têtes de nègres »

Avion, pantoufle, stylo.



Lui : Je vais vous dire trois mots madame, je vous les redemanderai après.
Alors : pantoufle, avion, stylo. Voulez vous bien les répéter ?
Elle : oui
Lui : alors pantoufle…
Elle : pantoufle…
Lui : pantoufle, avion, stylo.
Elle : pantoufl’avion-stylo !
Lui : vous retenez bien ces trois mots, je vous les redemanderai tout à l’heure. Alors, pouvez vous me dire combien font cent moins sept ?
Elle : …cent moins sept, cent moins sept
Lui : cent moins sept…
Elle : cent moins sept, nonante-trois ?!…
Lui : bieeen ! nonante-trois, maintenant nonante-trois moins sept ?
Elle : nonante-trois moins sept…seize ?
Lui : bien, c’est très bien, c’est pas grave, c’est quatre-vingt-six mais ce n’est pas grave… pouvez vous me dire les trois mots de tout à l’heure ?
Elle : … les trois mots ?

Elle ne comprend rien à ce que ce monsieur lui dit.
Lui : pantoufle…
Elle : pantoufle ! ha ?
Lui : oui… pantoufle, avion…

Cette litho de Somville (mon peintre abhorré) la toise depuis le mur, et je me plais à penser que dans cette immense détresse de la mémoire,
ma mère ressemble à Garbo,
retirée du monde,
mais en couleur.

(article paru précédemment en première chez madame de K dans « fast-portrait »)
« clicfast-portrait »

Le calme blanc.


Les rumeurs disaient que cela s’était apaisé « au pays » et que nous allions rentrer bientôt.
Dans quel état allions-nous retrouver la maison,
c’était une autre question.
Le gouvernement-intérimaire-provisoire, en place, garantissait la sécurité des « ressortissants étrangers »;
qu’ils n’aient plus de toit leur importait peu,
le principal était le retour de « l’assistance technique »,… et des pépètes!
Nous profitions malgré tout de cet été indien en Europe,
avec cette éternelle question:
allions-nous rester là bas ou pousser vers un autre pays…
Le Cameroun avait l’air plus calme. (à l’époque!)

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