Archive for décembre, 2008

Fin du monde.


Un bout de corde, une grande feuille d’aluminium et une mappemonde gonflable dans le bain remplacèrent les canards et les sels de bain.
Pour avoir une vision d’apocalypse macrocosmique il suffisait d’agiter l’eau pour maintenir le chaos nécessaire…

Pépita!?… Nicolas sonne!… (*)

… Pas d’pot! plus de pépettes et donc pas d’papayes à Papeete.

(*) Pepipi-Pepito!!! c’est le refrain, juste pour que L° l’ait toute la journée en tête!

L’inconnue de la Seine.


Son visage me disait quelque chose,
je travaillais avec elle depuis déjà deux ou trois ans
et je ne sais où je l’avais vue.
Ce n’est que lorsque nous travaillâmes dans la baignoire, deux heures durant, et que
j’eus engrangé en super huit accéléré des images pour quinze ans…
(La preuve! ces images datent de ’90) que la réponse vint.
Le travail fini, dans la cuisine, elle se chauffait les pieds près du four,
frigorifiée dans ce peignoir trop large sur ses épaules
un pauvre petit sourire apparu sur son visage,
fatiguée de cette trop longue immersion,
néanmoins contente de ce qu’elle avait donné,
plongée dans son bol de thé,
silencieuse,
l’évidence que c’était ma « noyée de la Senne »
était claire!
pas si inconnu pourtant, ce sourire, en avait étourdi plus d’un.
Je l’ai embrassée dans le cou et ne lui ai rien dit.
« Il a le sentiment qu’il le regrette encore » aurait dit Georges…

« Quand je résidais à Eze, dans la petite chambre (agrandie par une double perspective, l’une ouverte jusqu’à la Corse, l’autre par-delà le Cap Ferrat) où je demeurais le plus souvent, il y avait (elle y est encore), pendu au mur l’effigie de celle qu’on a nommée « l’inconnue de la Seine » une adolescente aux yeux clos, mais vivante par un sourire si délié, si fortuné (voilé pourtant), qu’on eût pu croire qu’elle s’était noyée dans un instant d’un extrême bonheur. Si éloignée de ses œuvres, elle avait séduit Giacometti au point qu’il recherchait une jeune femme qui aurait bien voulu tenter à nouveau l’épreuve de cette félicité de la mort. »
Maurice Blanchot, Une voix venue d’ailleurs.

Les tortues, Théodore Monod, Alain Bombard et moi.


Écrin des tortues, l’aquarium trônait sur une desserte dans la véranda, la lumière était d’un gris laiteux avec les champs en grand manteau blanc, couleur porridge figé;
je n’aime pas l’hiver.
Les tortues somnolaient mollement, les unes contre les autres,
quatre en tout,
nous sommes dans sa cuisine et je lui raconte mes (petits) malheurs, mon état de souffrance quasi congénitale face à « ces petites épreuves que le seigneur…  » (il déchire sa race celui-là!), les mots me manquent, la bouche sèche, l’esprit triant à fur et à mesure ce que je dis, prenant soin, au passage, de ne pas trop en dire non plus,
par pudeur, ne pas la gêner…
Je considérais l’horizon des champs conscient que cela faisait partie des dernières images que ma rétine imprimait…
la lumière n’était décidément pas belle…
Même Millet n’en aurait pas voulu pour paysage
« Hêtre ou pas hêtre », j’envoyais paître le poète.
C’était en hiver
ça n’allait pas ce jour là
je perdais mes billes
et me retrouve chez cette amie
où de la corde… Ou de l’arbre j’hésitais
dans un état tel que le conscient ne répond plus
me retrouvant spectateur de ma propre fin
la tête ne veut pas
le corps dirige
ou le contraire…
Je ne sais plus.
La seule chose dont j’étais sûr c’est que le drame se passerait sans moi
sans mon accord, « à mon insu de mon plein gré » comme disait l’autre sur ses pédales
mourir à la rigueur,
mais en l’ayant décidé
pas malgré soi,
tout ça parce que deux ou trois enzymes manquent là haut à gauche
les neurones trouvant, ma foi, fort sympathique de se lover en voiture autour d’un hêtre qui ne vous a rien fait,
et la raison profonde, le « je » qui n’est pas d’accord
… Pas du tout d’accord,
mais une force profonde, un mal de vivre,… Là!… Attendant son écot.
Cherchant en vain une issue,
les trucs habituels ne marchaient plus
« un hêtre qui ne vous a rien fait », « un seul hêtre vous manque » cela me faisait sourire, dans mon désarroi, mon dernier jeu de mot, me disais-je, celui qu’on se raconterait à l’enterrement.
Les tortues restaient là, l’oeil torve, ultimes représentantes préhistoriques,
sous leurs carapaces de sourdes pensées sur leur disparition prochaine s’engluaient dans cette hibernation qui n’en finissait pas…
Dans mon méli-melo d’idées « noirte » je pensais au colonnes du monde qu’elles supportent, regardant vers la mer, depuis la Sagrada…
C’est alors qu’elles se mirent à s’agiter, à se monter les unes sur les autres, à faire un raffut silencieux d’écailles et de clapotis pour réclamer leur pitance…
C. se leva en disant « regarde elles demandent à manger, elles sortent de leur hibernation, c’est le printemps météorologique, c’est prodigieux, non? »
Nous étions le 1er Mars.
Comment ces êtres antédiluviens, vivant sans montre, pouvaient savoir, vingt jours à l’avance?
Balayés les instincts de mort, la campagne s’éclairait.
Pareil à Théodore Monod, trouvant une petite plante verte au milieu du désert, alors qu’il était au plus mal, le déclic se fit…
Idée de génie de cette Amie?
prétérition pudique, de sa réponse, à mon désarroi?
au cinquantième jour de naufrage, Bombard connu le même genre de détresse, mon amie l’accompagnait peut être, passagère clandestine du zodiac?
* * *
Dire que j’avais la « pêche » en rentrant, serait mentir, mais qu’on ne vienne plus me dire que le tort tue… La salade passait un sale moment.
(à Chantal, Marie (collectionneuse de tortues en tout genre) et Anne (à qui j’avais promis de raconter cette histoire).

Ce soir…


Bien sûr que ce petit ensemble lui seyait à merveille,
elle ne pourrait assister au bal du gouverneur,
et ferait bonne figure auprès de ces invités si chers à son mari.
« Aux fourneaux ma belle! » lui dit-il, omettant de lui dire que l’étiquette sortait du col.
Pourtant l’étiquette, ce qu’elle s’en fichait! c’était John qu’elle voulait revoir…
Au bal du gouverneur!

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