Archive for janvier, 2009

O Bella Ciao.


Sous l’emprise d’alcools divers je décidais de lui écrire,
mais il ne me venait que secousses sismographiques et grosses taches à lui dire,
 » … Des vents, des pets et des poums » aurait dit l’autre…
Bombardés que nous étions sur cette colline, ça tremblait de partout.
Coquelicots multicolores de pensées.
« … Et si je meurs en partisan
Tu dois m’enterrer
Tu m’enterreras là haut dans la montagne
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
Tu m’enterreras là haut dans la montagne
Sous l’ombre d’une belle fleur
Et les gens qui passeront
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
Et les gens qui passeront
Me diront « Quelle belle fleur »
Car c’est la fleur du partisan
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
Car c’est la fleur du partisan
Mort pour la liberté »

* * *
(pour ceux qui voudraient s’amuser avec ce délicieux petit jeu.)

Antoine de fond, fin de bobine dans la caméra.


Bloqués par le couvre-feu, dans cet hôtel,
nous attendions les nouvelles à la radio.
Chacun sa façon de conjurer le sort.
je volais ces quelques instants de vie,
avec les derniers mètres de la bobine.
« Antoine! » elle n’avait que ce mot à la bouche!
leur voyage de noce tombait à l’eau.
« Fais-lui un mouton, à ton Antoine,
dans la boîte de la robe, tu l’y mettras. »
Que nous réservait demain?

Hortense, il y a des mûres.

Lubudi, le 21 Janvier 1948.
* * *
Je n’ai pas aimé, cette nuit, vous lire
le courrier est arrivé avec deux semaines de retard,
cette version des choses sur mon silence
mur chagrin face au mur de silence
mur des lamentations face à mur d’indifférence
si c’était pour me sortir de cette bulle d’aphasie
cette apnée de chagrin,
c’est réussi!
après cette fin de non-recevoir, vous voudriez que je me répande en larmes au sol, pour vous montrer combien j’ai mal de vous.
Désolé de vous décevoir, les raisons qui vous font rester en Europe, vous regardent et je les accepte… Mais ne me demandez pas l’impossible.
J’ai choisi cette vie en Afrique,
cette Afrique qui « nous » tend les bras,
et, vous ne voulez pas m’y rejoindre, soit!
séparons-nous, vu que tel est votre désir, vous me dites que vous garderez l’enfant…
Les juges vous donneront raison et j’en serai quitte pour une pension alimentaire jusqu’à sa majorité,
si tout va bien.
Nous sommes en 1948, cette terre a besoin de suppléments d’âmes pour se développer,
j’y enseignerai ce que je sais.
Après cette guerre qui nous a volé notre adolescence,
je ne veux pas reconstruire en Belgique…
Je désire me reconstruire loin de cette terre qui m’a pris tant d’être chers.
Je n’y ai plus d’amis…
Chers disparus dans les camps.
Chairs disparues…
Et la vôtre maintenant.
Ne me demandez pas de revenir et encore moins de vous écrire;
le continent noir vous invite et vous faites la sourde oreille;
restons en là de cette correspondance vaine,
juste bonne à alimenter la défense de votre avocat.
Plutôt que d’explorer un continent vous préférez l’alcôve de votre maison parentale, de la cave au grenier fouillez les photos de vos souvenirs et affichez cet air de mater dolorosa qui vous sied à merveille, j’ai tous les torts, je sais, vous ne pouvez pas comprendre… Doublement déchiré par cette rupture et ce déracinement que je m’inflige, ne me rejoignez pas puisque telle est votre volonté.
L’humeur vagabonde je m’en vais cueillir des mûres,
il paraît que ça pousse par ici.
Ou sont-ce des fraises?
L…
ps: je vous joins une copie de ce texte que nous avions découvert ensemble, lors de cette nuit folle à Liège

(Francis Ponge) « Le Parti pris des choses », 1942.

Le jaune valait six points… on en avait peinturé (sic) un en noir qui valait le plus.


Un pasteur noir faisait un rêve à la radio, et un autre petit garçon rêvait de maison blanche
Pendant la trève et comme pour se faire pardonner les claques « sans raisons »,
les adultes rejouaient avec les enfants…
La galette des rois, les couronnes, les cadeaux, restés en stand by au fret aérien pendant les évènements, venaient à point nommé pour oublier ces heures passées pendant les couvre-feux.
Pourtant, si on mourait, il suffisait de compter jusqu’à dix: du moment qu’on savait ça, on pouvait jouer dehors, non?
Pour raison d’investiture… le seul orchestre symphonique Congolais

Fin de nos programmes.

Les vagues à lames.




L’idée est de les faire fonctionner en même temps et de se laisser envahir par le bruit des flots et non le flot des mots.
(dédicacé à Lephauste pour le blues du week end)

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