Archive for juillet, 2009

« Il n’y a que le whisky qui cuite à Kikwit » (La Valentin).


………………………………………………………………………………………………………………Kikwit, le 25.VII.1972.
Dans ce petit poste, de fin fond de brousse, ressemblant à s’y méprendre à une certaine Edith,
madame Valentin régnait sur tout son petit monde avec un crochet de fer dans un gland de velours.
Elle faisait quinze ans de plus mais n’en avouait que cinquante-huit au moteur, pourtant…
Son hôtel était propre, mais pas trop, et la douche dans le coin de la chambre, donnait le ton, se résumant à un seau percé, suspendu à un crochet au plafond: actionner la ficelle donnait droit à 20 litres d’eau et pas une goutte de plus… Le rinçage restait donc périlleux en cas de trop grande énergie sur le pain de Marseille… ça apprenait l’économie.
Pour les plus optimistes, sur les problèmes de robinets qui fuitent (sic), le contact désagréablement rêche du tissu, aux endroits non rincés, guérissait de toute récidive sous cette latitude…
Aller remplir le seau au fond du couloir restait une aventure…
Drapé dans le pagne de l’essuie de bain,
à moitié glissant sur le béton lisse et peint,
il était difficile de faire bonne contenance en cas de rencontre fortuite…
La patronne, à propos de rincé, était déjà au goulot, potron minet, sur sa terrasse (face à cette route qui lui donnait son pesant de voyageurs dans le temps) considérant, à travers les vitres de ses yeux, la rouille de cette latérite sèche, son « whisky on the rocks » en embuscade: prisonnier de ses crochets trop maigres le Johnny Walker tremblotait légèrement, comme sous l’effet d’une légère brise…
La fonte des glaces, elle l’étudiait depuis longtemps, bien avant que ce ne soit à la mode…
Une visionnaire, La Valentin, j’vous dis!
Sur la table, une demi tartine grillée de connivence avec le pot de confiture, achevaient l’alibi du petit déjeuner: ces deux là savaient qu’il ne leur arriverait rien ce matin…
C’était le verre qui passait un mauvais quart d’heure!
Elle avait délégué la cuisine au « chef » lui laissant au passage les recettes de ses petits plats… Alphonse, qu’il s’appelait, grand black pas tout à fait trentenaire, tout en muscle et sourire Steenway, genre « a-bilive-a-can-fly », qui apportait le petit dèj. d’un pas nonchalant, disposant couverts et confitures dans une demi calebasse à côté d’un café, jadis chaud-bouillant, dans un récipient improbable…
Pourquoi je vous raconte tout ça moi?…
Ah! oui… Alphonse!… Avec son tablier « bon appétit » lui donnant un look à la Victoria Abril dans « gazon maudit », le short en plus…
Pour le reste vous pouviez profiter de cette anatomie sans défaut dont le mètre cinquante-sept de sa patronne se réjouissait pendant la sieste…
« Quelle aubaine cette ébène! » devait-elle se dire, entre deux hoquets.
Le métissage des races et l’écart des générations elle avait compris depuis longtemps…
Une visionnaire, La Valentin, j’vous dis.
Depuis le décès de son mari, sept ans plus tôt,
du temps qu’il y avait des clients… Elle avait compris.
Une visionnaire, La Valentin.
Mon père et moi allions nous asseoir quand…
………………………………………………………………………………………………………………………..(à suivre) peut être.

« … Et puis quelques Chinois en guise de cousins. »



Après l’ouverture des marchés on les avait vu débarquer,
petit à petit, avec peu de « na-na-des-manières » quant à l’habitat,
s’installant entre quatre murs et deux tôles avec leur petite famille en faisant leurs petits business sans demander son reste à personne.
Entre eux, les expat’ sortaient des blagues douteuses du style « j’nem pas çà », ou « … Vont marcher à la baguette! » et encore « où y a de la Yen , y a pas d’plaisir »…
(Vieux fonds racistes fleurant son « Buck Danny » des années ’50, avec « ces sales faces de citron », etc. Chères à Charlier et Hubinon via les « Jerry Tumbler et Sonny Tuckson réunis ».)
Ma mère, qui n’était pas douée pour les langues, avait le chic pour intégrer la culture du « presque soleil levant » avec force gestes…
Et sabir de swahili (?… Comprenne qui pourra!); toujours est-il que notre nouvelle voisine avait craché le morceau et les recette avec.
La tolérance et le métissage passait par la cuisine.
Et, après tout, on avait appris à en faire… Des nems.
C’était bon!…
Les mômes étaient à croquer.
nota bene: j’en avais déjà parlé ici

« C’est foulard » (Isadora Duncan).



à l’encan d’Isadora, je tente quelques images
avec un papillon de nuit
rencontré dans un bar louche la veille.
Je lui montre Loïe Fuller et,
en négatif,
voila l’imago qui lui vole la vedette.

Elles en connaissent un rayon.



Au travers des stores je l’observe, cette libellule,
prenant son envol.
Faire siennes les demoiselles derrière les jalousies.

21 juillet 1909.



Aujourd’hui c’est fêt’nat.
Ils vont encore gaspiller du fioul…
Alors qu’à pied c’était tellement plus rigolo.

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