Archive for août, 2009

Croix de bois, croix de fer…


La petite croix au mur atteste d’une permanence céleste dans cette maternité du dispensaire de Lukafu (prononcer Loukafou) le miracle de la naissance s’y accomplit cinquante fois par mois à raison de 8.000 francs Congolais (plus ou moins 10,50 $) pour tous les frais d’hospitalisation et de chambre pendant une semaine…
Les moustiquaires, de l’anophèle, préservent la nuit, pourtant au matin du monde, grelottante elle est morte tôt le lendemain…
Future parturiente, mais impaludée, plus rien ne pouvait la sauver sinon (peut être) l’hopital de Lubumbashi à cinq heures et demie de là…
La route n’aurait qu’accéléré son calvaire.

Je reviendrai sur cet épisode qui nous a marqué, mes compagnons de route et moi.

La poussière comme encore collée aux semelles…



Dire que je suis heureux est en dessous de la vérité…
Ne pas le dire serait mentir.
Mais la joie n’empêche pas de voir la réalité…
Il me faut rentrer.
Des valises plein les yeux,
des balises dans les cieux,
le temps de déballer tout ça et je vous raconte ce vol intérieur
d’où l’on revient (pas tout à fait) lavé des scories du passé.

Vol intérieur.



Au bout de mon clavier la lune,
au premier palmier, ma terre.
Soyez sages, le lion veille.

à Plutarque dirait l’autre (qui se reconnaîtra).

Il équateur moins le quart, je dois bientôt y aller.


Où je vais, il n’y a pas d’ours polaire.
Plutôt malachite que pierre ponce…

Herr Mëss, Ernest & Loubna… Tintin pour le knout.


Il avait commencé par « My Friends,
There was once a very lovely and frightened girl
She lived alone except a nameless cat… »
En revoyant ces images de Georges Peppard tapant à la machine,
ressortir la vieille Hermès du grenier était forcément le second acte…
Oui, l’Underwood eut été mieux…
Mais bon! comme disait l’autre à propos de la technique (Duane Michael pour ne pas le citer):
« On n’a jamais entendu Hemingway parler de la marque de sa machine à écrire. »

Qu’est ce que je disais moi?
ah oui! comme je ne suis pas Hemingway,
je peux en parler, de ma machine, moi;
donc je sors la vieille Hermès de sa caisse jaune…
Autant dire sortir une morte de son caveau,
tellement elle est lourde la vache!
La demi-heure pour retrouver comment débloquer
ce ‘tain de rouleau à la noix°õ^… de fait ch…!
Et puis l’enchantement fait place à la magie
(ou le contraire, je ne sais plus)
la feuille glissée par l’envers
ce son inimitable s’installe dans la pièce,
les tiges, trop vite sollicitées, s’emmêlent les pinceaux,
le ruban encreur monte et descend au rythme de la frappe hésitante.
Pianistiquement poids et frappe à infliger aux touches,
doivent être sûrs et francs,
sous peine d’assister à des lettres à moitié imprimées
trahissant par là même l’hésitation de la pensée
le blanco sur la faute,
le retour en arrière d’une lettre,
le plaisir des « x » biffants les autres lettres,
palimpsestes de l’acte manqué.
Bonheur!
on est loin de ces touches à fleur de doigts des « nordis » qui en un clin d’oeil vous font paraître Ouagadougou ou le Soudan à deux pas de la demeure tout en tapant votre mail à Suzette trois pâtés de maison plus loin… (Oui elle s’appelle Suzette! et alors, ça dérange quelqu’un?)
Mais! voila que ça recoince…
Quinze minutes de nouveau sous le capot pour voir ou ça couine de la mécanique…
Pour se rendre compte que c’est Robert, le bouquin à côté, qui bloque le chariot… Je dois être Belge ou blonde, parfois… Ou les deux! souvent.
(Un peu comme le mec qui se relève après avoir lacé sa chaussure et qui marche sur sa cravate).
Je ressors de la salle des machines tout dégoulinant aux pourtours du marcel filet de pêche, le dico à distance cette fois-ci, revisse ma casquette et continue à faire semblant d’écrire « Out of Africa » ou « le vieil homme et l’amer » (sic)…


Roule ma poule, je vais te redonner une seconde jeunesse, me dis-je.
Me suis mis Chet Baker, en vinyl bien sûr…
Ne manquaient que le Teppaz et le Bourbon et à moi Dashiell Hammett…
Je vais écrire sur Loubna, cette journaliste Soudanaise menacée de quarante coups de fouet pour avoir porté un pantalon… (si! si!)
Au besoin j’envoies Sam ou Bruce pour la délivrer des griffes de herr Mëss l’affreux…
Sans tomber dans Oss117 toutefois.

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