Archive for septembre, 2009

Variation autour de la danse.



… En ce début de week end,
je n’ai pas pu m’empêcher.
« Sweet dreams are made of this… »
Disait Annie.
Suspense…

Boîtes postales vs portables… Sont barjots ces opérateurs.





De cette poste il n’en reste rien, juste la façade qui…
Comme son nom l’indique.
Sur le côté, à gauche, ils ont refait les cellules, en vitrines de petits commerces apparemment…
« Notre » boîte était là.
Plus de boîte!
« mâche ta chique jeune matelot! »
à droite, ce n’est pas encore « réaménagé » (et loin de l’être): certaines boîtes sont bâillonnées par un chiffon pour être sûr qu’elles ne cracheront plus leurs bonnes et leurs mauvaises nouvelles ou plus simplement elles ont été remplacées par un étalage compliqué en bois où l’on a refait à l’identique les anciennes cellules à courrier…
Faire et défaire.
On a juste envie d’y mettre ses chaussures ou sa trousse de toilette.
L’imbroglio des boîtes manquantes, à moitié défoncées (quand ce ne sont pas des trous béants) me remémore ce glorieux passé épistolaire où les gens avaient encore à coeur d’écrire ou de communiquer toutes les semaines avec la famille restée en Europe…
Plus de « Mes chéris… » ou de « Chers vous cinq,… »
Lettres mortes.
‘A p’us!…
Miracle, aussi, de ces boîtes qui pourvoyaient, aux fêtes, les petits cadeaux venus de l’autre continent.
Les plus gros, c’étaient à l’intérieur que nous allions les chercher.
‘A p’us non plus!…
Justement, l’intérieur parlons en…
Des gens sont agglutinés, comme aux heures de pointe, ils n’attendent ni bus ni métro,
mais l’occasion de marchander l’un ou l’autre appareil mobile…
Ou de le faucher, plus simplement…
Tu ne poses pas un doigt dans le hall sans faire un sms par mégarde…
« Ils sont venus, ils sont tous là » (sic) ces portables de toutes marques,
ces modèles de tous poils,
Le port d’arme est, bien entendu, prohibé…
C’est marqué à l’entrée.
C’est aussi la bourse des opérateurs…
Sont barjots avec leurs offres de rooming à prix bas:
la carte sim aux code pin magique, sésame du texto, se vend par centaine, ici, chaque jour…
« T U? 1 bbq c’we?:O) »
Faudrait être timbré pour vouloir encore poster une lettre.
Je n’enverrai pas de cartes postales…
Quelles cartes postales, d’ailleurs?
« L son U ? » (sic).

Celui là, je me le « Youtube », dans sa chemise jaune canari…



Les policiers dans leurs guérites, faisant la circulation sont à mourir de rire.
Une pièce de théâtre se joue là,
merveilleuse chorégraphie jouée par un acteur,
que dis-je un g é n i e ,
en constant monologue circulatoire et gesticulatoire,
homme orchestre habité,
funambule giratoire,
dirigeant son petit monde à coups de sifflets,
scandant ses gestes du souffle stridulant de son appendice à bille,
dans sa petite aubette, sponsorisée par « Primus » (c’est une bière rappelons-le!)
son dernier refuge, empreint de t o u t e son autorité,
il s’active sur ses guêtres
et son pouvoir, T O U T sauf efficace, s’exerce.
Contemporain de Jacques il aurait joué dans « Trafic ».
Tati en aurait fait le maillon fort de son film,
la scène serait culte désormais au même titre que l’accident de carrefour
… Son point d’orgue en somme.
Hiératique dans ses poses, il ne se soucie, finalement, que très peu de ce public à roue, qui ne répond pas à ses injonctions
Ici un génie incompris des axes perpendiculaires officie et est au centre du débat,
Caliméro des temps modernes,
Buster qui tonne de sa roulette il est aux embouteillages ce que la mouche était au coche.
En changeant d’axe, il prend soin de poser le geste avant la parole…
Triiiiittt!!! fait-il avec un temps de retard,
son bassin part légèrement en arrière, pendant que son pied gauche se plante sur le talon légèrement en avant de l’autre, au bout d’une jambe, raide comme la justice, il opère sa rotation d’un quart de tour, avec ce regard habité qui voit tout sans rien fixer
s’occupe, tranquille, de son Feng Shui de carrefour,
aimable karatéka du vide,
Triiiiittt!!! à tout hasard et de nouveau
il fend l’air sans appel, de son bras parfaitement droit depuis l’épaule
comme apprenant la natation dans sa cuisine, sur un tabouret,
puis sa main de Mickey tombe, telle un couperet, à la suite d’un nouveau dépliement du coude, et d’un temps de retard dans la syncope du mouvement de la ceinture scapulaire qui reprend un axe horizontal, cependant que le bassin a rejoint la verticale du corps.
Automate du code routier indiquant la nouvelle direction à suivre…
Triiiiittt!!! refait-il péremptoire et pathétique.
Pour être « street » il est « street » celui-là;
s’Triiiiittt!!! même.
Nous passons.
* * *
Je suis dans l’impossibilité de montrer mieux un de ces « héros de carrefours » car, faut-il le souligner, toute image de bâtiments officiels ou de représentants de l’ordre est strictement interdite en R.d.C., sous peine de poursuites judiciaire (dans d’autres républiques non bananières aussi du reste).
Même avec l’autorisation officielle de 60 $ émanant des « services de renseignements » (sic) ton objectif tu dirigeras avec prudence!…
En bon agent trouble, je me les suis imprimés dans la rétine et la mémoire… Mais je regrette de ne pas avoir d’images de celui décrit plus haut: ils partent tous du modèle standard des gestes, et chacun réinterprète, à sa façon, la gestuelle officielle.
J’adore… Mais la paille des cachots là-bas, très peu pour moi.

La rue Msiri.


Après une semaine où la tension montait de jour en jour, nous nous sommes retrouvés dans cette maison au microcosme parfait.
A l’abri de ses hauts murs dépourvus de tessons de bouteilles et de rouleaux de barbelés (chers aux maisons Luchoises) nous nous y sentions en sécurité.
Il y avait, là, tout en plusieurs exemplaires: Jacarandas, flamboyants, goyaviers, avocatiers, papayers, palmiers, manguiers, même de la canne à sucre…
Le château d’eau, les coupures de courant et d’eau (forcément vu que la pompe était dépourvue de Shadocks), sorte de petit Far West ou la latérite se redessinait et se nourrissait inlassablement des empreintes de nos pas, tableau vivant de poudre rousse, à l’échelle humaine…
Je n’aurais pas eu l’occasion de visiter la maison de mon enfance, que celle-ci m’aurait suffit.

La mission.


Dans cette mission Franciscaine de Lukafu tout est réunit pour faire le matin du Monde chaque jour… Sur le grand plateau de la Lufira où celle-ci coule, alimentée par les chutes de la Lofoï, non loin du parc des Kundelungu qui présente une succession de hauts plateaux et collines de savane échelonnés entre 1.200 et 1.700 mètres d’altitude…
Dans cette mission disai-je, on est instantanément projeté au temps de Rimbaud ou d’Henry de Monfreid, tant ces vieilles bâtisses, simples et basses, prennent l’or du matin pour ne le rendre qu’au soir…
On y trouve un dispensaire, une école primaire d’un millier d’élèves (un instituteur pour cinquante gamins) et une école secondaire de huit cents étudiant (même nombre de profs par tête de pipe), de même qu’un internat de soixante lits pour les garçons et de quarante pour les filles, cinq bassins de piscicultures avec des poissons de la rivière (qui coule pas loin j’ai dit) et, bien sûr, une église tellement vieille que les murs s’affaissent.
Le père Raoul a décidé de la refaire en l’augmentant toutefois de deux ou trois mètres sur les côtés, on ne sais jamais, d’où cet intéressant phénomène de liturgie se passant sous le toit de l’ancienne, pas encore abattue, et de la nouvelle dont les murs entourent, à ciel ouvert, la foi de ses paroissiens.
Nul doute que l’Abbaye de Cluny aura bientôt des raisons de l’envier…
Ce qui est un péché.

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