Archive for octobre, 2009

Ce berceau du savoir ne méritait pas ça (part two).


Pourquoi s’attaquer à ce bastion du savoir où les instituteurs et professeurs avaient à coeur de distiller la culture, de nous y plonger, de nous faire écouter le monde.
Le pourquoi du comment de ces déprédations, j’imagine, se trouve dans cette haine,
cette rage contre le savoir qui y était inculqué…
Cependant que les institutions religieuses, mieux protégées par les pères (ou les soeurs) sont parveues à sauver leur bâtiments, le symbole de l’école d’état ouverte à tous, lui, n’a pas résisté.
Des immenses “plaines” de récréation il ne reste que champs de désolation où bouteilles et canettes, semelles et bidons jonchent le sol…
Des papiers gras? bien sûr monsieur nous en avons avec en prime des capsules, du verre, de la rouille et différents métaux de même que quelques épaves de bagnoles!.
Le mec qui s’installe,ici,une petite entreprise de recyclage de déchets peut faire fortune et nourrir trois générations entières… si si!
Aux étages, parfois même au troisième, les hommes ont monté des parpaings de boue et de terre (des tonnes!) pour reformer des petits “espaces de vie” ne montants même pas jusqu’aux plafonds…
Sortes de termitières troglodytes où les cellules labyrinthiques ressemblent à la casbah de Marrakeich
Les murs s’arrêtent à deux mètres du sol et les bâches légèrement obliques dévient les fuites du toit…
Ces patchworks de toiles cirées, de tissus et de plastiques font penser à un Rauschenberg grandeur nature… La qualité artistique en moins.
Comme ultime nique “aux envahisseurs” le béton reste lisse comme une fesse de bébé,
lisse de toute émotion,
lisse et indifférent formant les escaliers et les rampes d’un seul tenant…
Sa surface défie encore le burin et les marteaux piqueurs.
Je ne me sens pas le courage « d’affronter » les squatters et d’essayer de visiter ces classes borgnolées de poto-pote (boue) aux “fenêtres” pour m’imprégner de ces espaces où j’ai appris à lire, à écrire, à compter, à penser… Je ne veux plus penser, cette éducation à la connaissance battue en brèche dans sa fibre me décourage.
Un immense dégoût m’envahi.
Nous quittons ces lieux inhospitaliers, mon ami et moi, non sans être sollicités par le quidam qui demande à quand les travaux de réhabilitation?…
Il rêve le mec!
je ne suis pas là pour te refaire ton truc à neuf!
t’as deux mains mon gars, vas-y, te gêne pas!
nan mais!
En rentrant nous passons devant la petite église orthodoxe jouxtant le site, elle, elle est toute pimpante avec son tapis de galets blancs et noirs à l’entrée, marquant sa naissance: 1956.
Je me dis que ça doit être une question de foi.

(Crédits photos Raymond B.)

Le même bâtiment aujourd’hui.

Ce berceau du savoir, ne méritait pas ça (part one).


Après la piscine, le lycée Kiwélé:
En y arrivant une autre (mauvaise) surprise m’attend:
par rapport aux autres bâtiments d’époque le lycée est certainement celui qui a le plus dégusté, tant, peu de choses sont encore reconnaissables.
sinon les murs, plus rien ne tient de ce qui devait « traverser les siècles et les siècles à venir »
et ce qui s’offre à nous est un paysage d’apocalypse désolant…
De ce qui reste après le passage d’un cyclone
ou une bombe « H »…
Entendez « H » comme « humain »…
Des toitures défoncées,
des chassis disparus depuis belle lurette,
des vitres? tu rêves!
Un gigantesque squat a envahi l’aire
Heureusement que l’Africain ne connait pas encore le tag et les graffitis pour le moment,
mais ça viendra…
Je n’ose imaginer le schprountz!
des débuts d’incendies çà et là quand ce ne sont pas les tôles de toitures des préaux ont été volées ou défoncées.
Cette impression post nucléaire se dégage…
Qu’est ce qui a bien pu se passer ici, plus qu’ailleurs, pour en arriver là,
pour commettre cet irréparable?
ce pire atteint…
* * *
à suivre dans « Ce berceau du savoir, ne méritait pas ça (part two)…
Demain.
(Où vous saurez si notre héros sortira des griffes de la barbaresque).
Ici je laisse le témoignage de Raymond,
qui m’a écrit un mail dernièrement,
en voyant les photos sur Flicker’s
Saveurs de l’époque et du temps où il y avait des vitres.

J’ai regardé avec grand plaisir les photos de ton récent voyage au Katanga et plus spécialement du lycée Kiwele.
Je me souviens de ce grand escalier qui nous menait au premier étage du lycée Kiwele : un immense couloir avec à gauche la salle où nous étions rassemblés quand l’enseignant était absent ou quand j’étais expulsé de l’un ou l’autre cours pour soi-disant chahut (dessin ou anglais). Si je me souviens bien le surveillant s’appelait Roland et il aimait jouer à l’apprenti dictateur : il est sur la photo de groupe de juin 1970 en annexe à l’extrême droite, le poing sur le coeur.
Après cette salle, un long couloir avec à gauche les classes où nous avions cours, les quatrièmes modernes : une classe pour les filles, une classe pour les garçons. Une porte vitrée, le tableau noir à droite, une estrade avec une table pour l’enseignant, et à gauche les bancs ou nous étions agglutinés en couple. J’avais une préférence pour une place au fond près des grandes fenêtres où on avait vue sur le bâtiment des primaires. Madame Pétillon (français) faisait un jour remarquer à ma mère que je passais plus mon temps à reluquer les petites filles de sixième primaire qu’à suivre son cours. A quoi maman a répondu que c’était mieux de regarder toutes les filles qu’une seule. Elle n’a sans doute pas osé dire que je n’en avais rien à cirer du subjonctif de l’imparfait. Entre la classe et le couloir : des vitres. Régulièrement le préfet ou son « vice » circulaient silencieusement dans le couloir et se tapissaient au coin d’une de ces vitres pour espionner le déroulement du cours; un jour que je faisais le mariole mon regard croisa celui du préfet, grimacant derrière une de ces vitres. Je me souviens surtout du jour où un de mes condisciples (Vanrattinghe je pense) sous la pression familiale et l’accumulation des mauvaises notes (au bout du journal de classe il y avait un emplacement où les enseignants par un paraphe retiraient ou ajoutaient des points à la cote d’éducation) sauta par une des fenêtres et se retrouva avec les deux jambes fracturées.
Voilà quelques souvenirs, toujours présents et éclairés par tes images.
A plus.
Raymond B.

La rencontre est de taille.

Pendant trois heures nous allons évoquer son frère, le peintre
et puis Rudy Pillen, Mwembia, N’Komo N’Komo, Mwenzé, Pili-Pili et bien d’autres encore.
Ce monsieur qui vient vers moi
a connu mes parents…
Il y a quarante deux ans.
Mais on sonne à la porte…
(Suspens).

Dans cette cour du Park Hotel à Lubum.


… blanches, noires, jaunes ou autres,
les mafias locales se suivent et ne se ressemblent pas

Jacaranda.

A une quinzaine de kilomètres de Lubumbashi
c’est un petit havre de paix où il fait bon flâner,
passer le dimanche et faire du rien…
La ferme « Jacaranda »
tu peux y faire ton marché en fruits et légumes frais,
mais aussi prendre ta bidoche et ton makala (charbon de bois)
et faire un BBQ comme on dit maintenant.
Et puis tu danses sur une musique improbable
et le moment devient magique:
regarde.
Bonne humeur en tube.

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