Archive for octobre 30th, 2009

Ce berceau du savoir, ne méritait pas ça (part one).


Après la piscine, le lycée Kiwélé:
En y arrivant une autre (mauvaise) surprise m’attend:
par rapport aux autres bâtiments d’époque le lycée est certainement celui qui a le plus dégusté, tant, peu de choses sont encore reconnaissables.
sinon les murs, plus rien ne tient de ce qui devait « traverser les siècles et les siècles à venir »
et ce qui s’offre à nous est un paysage d’apocalypse désolant…
De ce qui reste après le passage d’un cyclone
ou une bombe « H »…
Entendez « H » comme « humain »…
Des toitures défoncées,
des chassis disparus depuis belle lurette,
des vitres? tu rêves!
Un gigantesque squat a envahi l’aire
Heureusement que l’Africain ne connait pas encore le tag et les graffitis pour le moment,
mais ça viendra…
Je n’ose imaginer le schprountz!
des débuts d’incendies çà et là quand ce ne sont pas les tôles de toitures des préaux ont été volées ou défoncées.
Cette impression post nucléaire se dégage…
Qu’est ce qui a bien pu se passer ici, plus qu’ailleurs, pour en arriver là,
pour commettre cet irréparable?
ce pire atteint…
* * *
à suivre dans « Ce berceau du savoir, ne méritait pas ça (part two)…
Demain.
(Où vous saurez si notre héros sortira des griffes de la barbaresque).
Ici je laisse le témoignage de Raymond,
qui m’a écrit un mail dernièrement,
en voyant les photos sur Flicker’s
Saveurs de l’époque et du temps où il y avait des vitres.

J’ai regardé avec grand plaisir les photos de ton récent voyage au Katanga et plus spécialement du lycée Kiwele.
Je me souviens de ce grand escalier qui nous menait au premier étage du lycée Kiwele : un immense couloir avec à gauche la salle où nous étions rassemblés quand l’enseignant était absent ou quand j’étais expulsé de l’un ou l’autre cours pour soi-disant chahut (dessin ou anglais). Si je me souviens bien le surveillant s’appelait Roland et il aimait jouer à l’apprenti dictateur : il est sur la photo de groupe de juin 1970 en annexe à l’extrême droite, le poing sur le coeur.
Après cette salle, un long couloir avec à gauche les classes où nous avions cours, les quatrièmes modernes : une classe pour les filles, une classe pour les garçons. Une porte vitrée, le tableau noir à droite, une estrade avec une table pour l’enseignant, et à gauche les bancs ou nous étions agglutinés en couple. J’avais une préférence pour une place au fond près des grandes fenêtres où on avait vue sur le bâtiment des primaires. Madame Pétillon (français) faisait un jour remarquer à ma mère que je passais plus mon temps à reluquer les petites filles de sixième primaire qu’à suivre son cours. A quoi maman a répondu que c’était mieux de regarder toutes les filles qu’une seule. Elle n’a sans doute pas osé dire que je n’en avais rien à cirer du subjonctif de l’imparfait. Entre la classe et le couloir : des vitres. Régulièrement le préfet ou son « vice » circulaient silencieusement dans le couloir et se tapissaient au coin d’une de ces vitres pour espionner le déroulement du cours; un jour que je faisais le mariole mon regard croisa celui du préfet, grimacant derrière une de ces vitres. Je me souviens surtout du jour où un de mes condisciples (Vanrattinghe je pense) sous la pression familiale et l’accumulation des mauvaises notes (au bout du journal de classe il y avait un emplacement où les enseignants par un paraphe retiraient ou ajoutaient des points à la cote d’éducation) sauta par une des fenêtres et se retrouva avec les deux jambes fracturées.
Voilà quelques souvenirs, toujours présents et éclairés par tes images.
A plus.
Raymond B.