Archive for octobre 31st, 2009

Ce berceau du savoir ne méritait pas ça (part two).


Pourquoi s’attaquer à ce bastion du savoir où les instituteurs et professeurs avaient à coeur de distiller la culture, de nous y plonger, de nous faire écouter le monde.
Le pourquoi du comment de ces déprédations, j’imagine, se trouve dans cette haine,
cette rage contre le savoir qui y était inculqué…
Cependant que les institutions religieuses, mieux protégées par les pères (ou les soeurs) sont parveues à sauver leur bâtiments, le symbole de l’école d’état ouverte à tous, lui, n’a pas résisté.
Des immenses “plaines” de récréation il ne reste que champs de désolation où bouteilles et canettes, semelles et bidons jonchent le sol…
Des papiers gras? bien sûr monsieur nous en avons avec en prime des capsules, du verre, de la rouille et différents métaux de même que quelques épaves de bagnoles!.
Le mec qui s’installe,ici,une petite entreprise de recyclage de déchets peut faire fortune et nourrir trois générations entières… si si!
Aux étages, parfois même au troisième, les hommes ont monté des parpaings de boue et de terre (des tonnes!) pour reformer des petits “espaces de vie” ne montants même pas jusqu’aux plafonds…
Sortes de termitières troglodytes où les cellules labyrinthiques ressemblent à la casbah de Marrakeich
Les murs s’arrêtent à deux mètres du sol et les bâches légèrement obliques dévient les fuites du toit…
Ces patchworks de toiles cirées, de tissus et de plastiques font penser à un Rauschenberg grandeur nature… La qualité artistique en moins.
Comme ultime nique “aux envahisseurs” le béton reste lisse comme une fesse de bébé,
lisse de toute émotion,
lisse et indifférent formant les escaliers et les rampes d’un seul tenant…
Sa surface défie encore le burin et les marteaux piqueurs.
Je ne me sens pas le courage « d’affronter » les squatters et d’essayer de visiter ces classes borgnolées de poto-pote (boue) aux “fenêtres” pour m’imprégner de ces espaces où j’ai appris à lire, à écrire, à compter, à penser… Je ne veux plus penser, cette éducation à la connaissance battue en brèche dans sa fibre me décourage.
Un immense dégoût m’envahi.
Nous quittons ces lieux inhospitaliers, mon ami et moi, non sans être sollicités par le quidam qui demande à quand les travaux de réhabilitation?…
Il rêve le mec!
je ne suis pas là pour te refaire ton truc à neuf!
t’as deux mains mon gars, vas-y, te gêne pas!
nan mais!
En rentrant nous passons devant la petite église orthodoxe jouxtant le site, elle, elle est toute pimpante avec son tapis de galets blancs et noirs à l’entrée, marquant sa naissance: 1956.
Je me dis que ça doit être une question de foi.

(Crédits photos Raymond B.)

Le même bâtiment aujourd’hui.