E’ville-Lubudi…
En 2009 j’étais passé par une partie de cette route (entre Lubumbashi et Likasi où nous avions bifurqué vers l’Est, en direction de Lukafu)… Route qui n’a pas changé d’un iota depuis lors.
Cinquante ans plus tôt, mon père (d)écrit dans un cahier de brouillon,
parmi diverses préparations de cours d’anglais,
ce (trop rare) petit mot plus personnel
qui n’a rien à voir,
au niveau du style,
avec (l’abondante) correspondance échangée entre lui et la famille en Belgique.
Si j’en crois les dates, nous sommes entre le 21 et le 24/04/1962, durant le congé de Pâques.
Pour une fois je lis dans un style moins épistolaire le regard de quelqu’un sur le pays d’adoption.
Les gens de cette génération ne se confiaient pas beaucoup…
Aucune ambition rédactionnelle de parution dans ces trois pages,
juste un événement marquant dans cette petite « expédition » de quatre jours pour rendre visite à la belle-sœur et son mari fraîchement installés à Lubudi.
Le côté sympathique aussi est,
qu’à aucun moment,
le propos n’est paternaliste ou raciste.
Tout au plus Population sympathisante et sympathique pour les coupeurs de cheveux en quatre.
Mais c’est vraiment chercher la petite bête.
Plus tard, je ferais souvent ce trajet pour les congés scolaires,
comme si la brousse et la savane avaient un autre parfum d’exotisme 320 km plus loin.
Allez ! Zou !… Aventure ! T’es en ’62.
ça commence au deuxième paragraphe.
…
Départ à 12h15 pour couvrir les 320 kms dont 170 d’asphalte jusqu’à Nguba. A partir de là, c’est la vieille route Katangaise avec ses aléas. Population sympathisante et sympathique.
Épreuve assez dure pour l’Ondine : à 50 km/h de moyenne, nous sommes tellement secoué que Luc remet tripes et boyaux
sur les 70 km de la fin.
Caractéristiques générales du paysage . Savane aux arbres de taille moyenne.
La route suit de longs mamelons bien boisés pour descendre de temps en tempsdans un fond marécageux. Au loin profil constant de massifs élevés qui seront abordés après Makabe Kazani…
Dis… Tu ne crois tout de même pas que je vais tout recopier ?
« CLIC » et « re-CLIC » sur les images et, par miracle,
elles s’agrandiront,
et tu pourras lire la suite.
L’histoire se passe durant le règne de Mobutu et mouche cousue, celui qui réussit à séduire les démocraties occidentales en entonnant « Ah zaïrois, zaïrois Zaï-roi , c’est moi », en inculquant aux différentes ethnies « Tous seko et moi plus seko que les autres » Bref, il jouait son Maréchal me voilà ! Dans les années 80 , il n’était plus Désiré que par le prénom. Une ONG basée à Grenoble avec des ramifications en Belgique voulut améliorer les conditions sanitaires des autochtones du Sud Kivu descendus des montagnes en zones marécageuses, par les colons ce qui leurs donnaient des problèmes intestinaux. Çà coule de source non potable. L’idée était de faire descendre l’eau par conduite forcée, (il n’y a pas de raison de traiter l’eau mieux que le bétail humain) . Bref, une belle initiative menée en partenariat avec une association locale qui dut apprendre que les lois de l’hydraulique n’obéissent pas à la dialectique idéologique. Ce fut une valeureuse, rude, aventure humaine qui se termina tragiquement. Elle partit à vau-l’eau quand le jeune ingénieur envoyé sur place mourut avec ses parents dans un accident de land- Cruiser. Mais l’eau était arrivée et même des douches fonctionnaient. Ce ne fut pas vain. Le tout servit aux armées, européennes comprises, qui occupèrent les lieux suite aux guerres intestines qui contaminèrent toute la région.Ils purent faire un sale boulot mais propres et s’en laver les mains. Il y a,tout de même, de quoi doucher les enthousiastes les mieux trempés (jusqu’aux os). Aux colons succéda un maréchal suivi d’un bordel général.
Je m’en veux de doucher vos souvenirs mais , le hasard me fait repenser à cet engagement passé, fréquemment, en ce moment. En 20 ans , la population « sympathisante et sympathique » démontra qu’elle nourrissait en son sein une barbarie exterminatrice qui semble la chose au monde , la mieux partagée. Il n’eut pas que les cheveux qui furent coupés en quatre. Radio Tam-tam imposa les manches courtes….Bouh ! Bouh !…..
Ah mais si! Fallait tout recopier (0_0). C’est passionnant.
Parce que ça donne mal au coeur de déchiffrer et pas envie de « »remettre » tripes et boyaux »!
Bouh! Bouh!
patrick verroust : détrompez-vous, Patrick…
Vous n’y êtes pas.
’62 c’est la fin des guerres Katangaises,(début ’63) nous sommes à l’Est du pays avec Tshombé, pour dirigeant de la province… Qui plus est le Bas-Katanga (Elisabethville, Jadotvillle, Kolwézi, etc.) et pas dans le Kivu et le Haut-Katanga qui comme on sait plus tard…
Mobutu verra son auto-avènement en ’65… Il ourdit déjà son petit complot vis à vis de Kasavubu and c° à Léopoldville (à l’Ouest).
On sentira la différence, déportations tribales, assassinats, etc.
Mes parents se sont barré en ’67 quand ça devenait (plus qu’) insupportable avec le règne de la terreur, les couvre-feux et tutti quanti … Là, c’était l’horreur… Cette ordure Stalinienne n’a pas fait dans la demi-mesure.
Voilà !… Et ne dites pas à un Katangais qu’il est Congolais… Il sait bien que non, rien à voir avec les frontières dessinées par les blancs…
Ich bin Katangais !
;o)
Ambre : Tttt-ttt !!! Allons Ambre, un petit effort… C’est gai à déchiffrer les écritures… Allez, mon p’tit.
Et j’attends des questions suite à votre lecture !
@ Luc : mission accomplie, ai tout lu… euh, déchiffré!
Et l’Ondine a survécu aux ondées!
Mais vous Luc, en 2009 vous zaviez quoi pour faire la route? Une jeep, une méhari, un monstre genre gros 4×4?
Vos précisions sont intéressantes. Les cartes truquées dessinées par les blancs l’étaient à la bonne mine et ethnie soit qui mal y pense…Je me souviens bien des guerres katangaises, de Patrice Lumumba, de l’espoir qu’il semblait porté , de l’affreuse blague qui circulait sur lui….Ce n’était pas « il n’a qu’à tanguer , il finira par chavirer » …..A l’époque que j’évoque, pas si loin, il y avait Idi Amin Dada, le loup gaga, il fallait graisser les pattes pour certaines traversées. Au Zaïre, la main de Mobutu, écrasait tout du pied. Une ambiance de terreur était palpable.Cette histoire est douloureuse, bien des plaies doivent être vives. La position de la France fut ,disons,ambiguë. Je n’ai ,jamais, été là bas, la fin tragique de l’intervention humanitaire à empêché ce voyage mais nous recevions beaucoup d’informations des joyeuses, les mariages, naissances…des plus tendues, politiques….Je ne prétends pas être un expert, j’essaie, surtout, d’éviter la gaffe et de gâcher votre billet. Vos parents et vous fûtes dépassés par une histoire qui ne manquait pas de fléaux. Avec le temps, j’ai tendance à éviter les jugements moraux ou idéologiques, à me borner à constater la marche chaotique des flux migratoires avec leurs cortèges souvent barbares, parfois moins….En 1222, au moyen age européen, Soudianta Keita fait édicter , au Mali(!) la charte de Mandé, véritable déclaration des droits de l’homme pour lutter contre la peste esclavagiste.
La Charte du Mandé
Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent :
Toute vie humaine est une vie.
Il est vrai qu’une vie apparaît à l’existence avant une autre vie,
Mais une vie n’est pas plus « ancienne »,
Plus respectable qu’une autre vie,
De même qu’une vie ne vaut pas mieux
Qu’une autre vie.
Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent :
Toute vie étant une vie,
Tout tort causé à une vie exige réparation.
Par conséquent,
Que nul ne s’en prenne gratuitement à son voisin,
Que nul ne cause du tort à son prochain,
Que nul ne martyrise son semblable.
Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent :
Que chacun veille sur son prochain,
Que chacun vénère ses géniteurs,
Que chacun vénère ses enfants,
Que chacun pourvoie aux besoins
Des membres de sa famille.
Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent :
Que chacun veille sur la terre de ses pères.
Par patrie, pays, ou terre des pères,
Il faut entendre aussi et surtout les hommes :
Car tout pays, toute terre qui verrait les Hommes disparaître de sa surface
Connaîtrait le déclin et la désolation.
Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent :
La faim n’est pas une bonne chose,
L’esclavage n’est pas non plus une bonne chose ;
Il n’y a pire calamité que ces choses-là,
Dans ce bas monde.
Tant que nous disposerons du carquois et de l’arc,
La famine ne tuera personne dans le Mandé,
Si d’aventure la famine survient.
La guerre ne détruira plus jamais de village
Pour y prélever des esclaves ;
C’est dire que nul ne placera désormais
Le mors dans la bouche de son semblable
Pour aller le vendre ;
Personne ne sera non plus battu au Mandé,
A fortiori mis à mort,
Parce qu’il est fils d’esclave.
Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent :
L’essence de l’esclavage est éteinte ce jour,
« D’un mur à l’autre »,
D’une frontière à l’autre du Mandé ;
Les razzias sont bannies
A compter de ce jour au Mandé ;
Les tourments nés de ces horreurs
Disparaîtront à partir de ce jour au Mandé.
Quelle horreur que la famine !
Un affamé ignore
Toute pudeur, toute retenue.
Quelle souffrance épouvantable
Pour l’esclave et l’affamé,
Surtout lorsqu’ils ne disposent
D’aucun recours.
L’esclave est dépouillé
De sa dignité partout dans le monde.
Les gens d’autrefois nous disent :
« L’homme en tant qu’individu
Fait d’os et de chair
De moelle et de nerfs,
De peau recouverte de poils et de cheveux
Se nourrit d’aliments et de boissons ;
Mais son âme, son esprit vit de trois choses :
Voir ce qu’il a envie de voir,
Dire ce qu’il a envie de dire,
Et faire ce qu’il a envie de faire.
Si une seule de ces choses
Venait à manquer à l’âme,
Elle en souffrirait,
Et s’étiolerait sûrement. »
En conséquence, les enfants
De Sanéné et Kontron déclarent :
Chacun dispose désormais de sa personne,
Chacun est libre de ses actes,
Dans le respect des « interdits »,
Par la loi de sa patrie.
Tel est le Serment du Mandé
A l’adresse des oreilles du monde tout entier.
UN petit pas……
Moi ce que je retiens c’est que papa ne se débrouillait pas mal avec l’écriture à la plume, y avait des ratures mais pas de taches et le fiston semble bien avoir retenue la leçon . C’est vrai qu’à cette époque avant soixanthuitarde là bas ça grattait pas la guitare électrique avec les dents ; qu’est devenu ce coin pas perdu pour tout le monde que tu nous donnes à revoir avec de vrais documents d’archives comme je les aime ?
Plume … ? stylo à bille plutôt, Bic cristal ?
Ce récit de voyage est d’une grande poésie : modifier ‘la ville était noyée sous la pluie » par « la ville s’était réveillée noyée » … du bel art, descriptif et musical ;-D
Et pour tout savoir sur cette région du monde, je vous recommande de lire, datant de 2011/2012 :
http://www.actes-sud.fr/congo-une-histoire-david-van-reybrouck
L’ami Luc l’avait déjà cité.
Désolé la d@me mais je maintiens que c’est écrit avec un porte plume et une plume serjent major j’ai assez gratté à l’école avec pour reconnaitre les pleins et les deliés des lettres Je suis d’accord avec toi sur la poésie du descriptif musical.
Ambre : on avait un quatre-quatre qui n’en avait que le nom… secoués comme des pruniers, je crois que j’y ai laissé deux ou trois vertèbres et une descente de…. Non, rien. ;o)
patrick verroust : bref ! faut pas faire de bobo à son prochain, quoi.
(je ne connaissais pas).
Rassurez-vous, je ne l’ai pas mal pris… La césure est tellement courte dans la sécession Katangaise…. Les guerres avec les Simbas etc. Que moi-même je dois parfois me replonger dans la chronologie des évènements.
Tshombé avait l’envergure d’un M. Luther King (malgré tout ce qu’on en dit), Lumumba était assoiffé de pouvoir et n’aurait pas fait long feu… S’il avait été à la place de Mobutu, c’eut été pire je crois…
alex-6 : ce n’est pas de la plume ici… Mais bien un bic première génération qui en avait tout l’air… Le porte-plume et la plume de temps en temps… Mais la plume pour écrire… Omagad !
la d@me : c’est vrai que ce n’est pas nouveau pour moi… Il aimait trouver la bonne formule… Des fois je me demande si… Non, rien.
la d@me : voilà !… Presqu’une bible.
alex-6 : aie !… Nan, c’est du bic.
Déçu ?
J’en trouverai à la plume, promis… Et pour les photos aukki, j’y pense.
Nous avons fait un bô voyage …. En tout cas moi confortable 🙂
Merci .
J’ai le souvenir d’un voyage entre Cyangugu et Kigali , j’ai mis une semaine à m’en remettre, et c’était 20 ans plus tard. C’est émouvant un texte de papa qui nous raconte la vie d’avant.
bah, j’adore quand c’est comme ça, chez Luc.
Soleil qui rit sur Bangui
Ciel qui pleure au Soccer City
Afriques, comment ça va avec tes douleurs ?
Bangui, Bandits
Un jour,
Pouvoirs
De main
Les chefferies
Passent
De main en main
Les chefs rient
Chaos,
Hélas
Meurtres trient sur
Tirent sur….
L’armée
De l’ordre
Quel ordre ?
Chargée
De décharger
Les canons
Chargés
De militariser
De faire marcher
Au pas
Houpa !
Les rebelles
En vadrouille
Ils tirent
Sur les patrouilles
Comment s’en tirer
Famines,
Corruptions
Tout fout
Le clan
Comment
S’en tirer
Sans tirer ?
KO
Soccer City
La foule
En liesse
Rient
Pleurent
Danse
Sur ses détresses
Mépris
Pour les maîtres
Du monde
La faim
De vivre
A des odeurs
De fin
D’un monde
L’Afrikaner
Chicaneur
Qui s’est voulu
Boer
Expropriateur
Tout l’argent
Pour le boer
Devra t-il
Se sauver tôt
De Soweto
Ou se couler
En nageant
Avec le flot
Partageant
L’argent
Devenir
Agent
des parts
Distribués
Rapprochés
Ghettos dorés
Faméliques cités…
L’apartheid
A pris fin.
Dans les bidonvilles
La faim
De tout
Se chante
Sur bidons vides
La partie
N’est pas gagnée
Pour les United Strates….
Tout’ ôte chose : Mme de K nous fait son calendrier de l’avent, et le retour vers le futur commence à cette adresse :
http://depluspres.blogspot.fr/2013/12/calendrier-de-lavent-1.html
Enjoy !
Oups !… Ben y a du monde ici !
Silvanie dite Sylvaine : ben oui… Les couchettes étaient confortables et les repas équilibrés.
Zoë Lucider : je te rassure, l’état des routes n’a pas changé. ;o)))
alena : merc(k)i Aléna… Ce n’est pas toujours facile facile de faire simple.
la d@me : ils viennent de… Non, rien.
patrick verroust : je vois que l’inspiration est venue au vu des derniers événements… Et hier soir Peter casse sa pipe… De même que J. Fontaine… Tout fout l’camp !
la d@me : Vu !… K’uis passé l’aut’jour… Bien, hein ?
Tes textes sont toujours très beaux et poétiques, mais alors quand ça parle de l’Afrique… c’est particulièrement sublime ! (Tu n’as jamais cherché à les faire publier ?)
Mes meilleurs et plus sincères vœux pour la nouvelle année et toutes celles qui suivront.
(J’ai déménagé, de nouveau, attention à la marche… et aux cartons dans l’entrée ;7)