« Lê Quý Dôn krômé du p’tit vé-lô Ô fond de la cour » aurait pu dire Perec. (*)
Je dois vous avouer qu’entre autres raisons, j’y allais un peu pour ça, aussi.
(Fin de l’incipit).
…
En arrivant à Saigon (ou plutôt Hô-Chi-Minh-Ville ) le premier jour,
j’avais pris une photo, au vol, en passant devant, ne me doutant d’abord pas…
À l’angle de la rue Xô Viêt Nghê Tinh et de la rue Nam Ký Khói Nghia je me trouve face à lui…
Lê Quý Dôn…
A-t-on idée ?
Ça ressemble à du Sphétanie Spain Ottocar, une amie sur facebook qui pond des textes dans un français « approximatif » savoureux ( un jour je te ferai voir un petit aperçu de ses capacités littéraires hors du commun )
Je retourne autour du pâté de maison,
je n’ai malheureusement pas pu rentrer dans le bâtiment,
donc j’en fais le tour;
il y a plusieurs entrées,
deux encore en activité et une,
manifestement plus ancienne,
qui a du servir dans des temps lointains,
peut être à son époque…
Je scrute les différentes façades l’imaginant,
jeune fille, dans ce lycée,
en uniforme bleu et blanc
et petites soquettes blanches dans des souliers vernis noirs,
il y a de cela très longtemps…
Bavardant avec d’autres camarades,
regardant autour d’elle,
de l’autre côté de la grille.
Fille d’expat. dans « son » pays qui n’est pas le sien,
L’amère déception,
après l’indépendance
(gagnée de haute lutte)
comme tous les enfants dans ce cas,
devenus grands
qui deviendront d’éternels déracinés.
Je me la ramène parce que je suis sur le lieu.
Exactement !
Comme aurait dit Gainsbourg.
Le lycée Chasseloup-Laubat
où Duras fut élève.
Lê Quý Dôn…
Si Marguerite avait su ça !
Lê Quý Dôn…
A-t-on idée ?
……
…
(*) Allusion fine de l’auteur de ces lignes au livre de G. Perec « Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? » (Denoël, 1966).
Mais tu l’as déjà lu, n’est-ce pas ?
(Non, mais je note 😉
Ces mains du bleu de l’eau du noir du ciel Plates Posées écartelées sur le granit gris Pour que quelqu’un les ait vues.
Lê Quî Dôn , ôtre que vou aurait pu tenir le guidon assez ferme pour produire un texte empreint d’une telle nostalgie douce amère. Sai-con à dire pour notre orgueil national mais lê Quî Dôn eut une autre envergure intellectuelle et philosophique que notre Chasseloup Laubat.Qu’il dura et continuera à durer dans la mémoire du peuple vietnamien plus longtemps que ce Monsieur et même plus longtemps que durera Duras, ne me paraît pas injuste. Il mériterait qu’une biographie,en français , lui soit dédié.
Il n’empêche votre billet fait réfléchir. Il réveille une mémoire d’outremer, ou plutôt la mémoire d’autres….Des nostalgies exotiques que je perçois quoique je ne les connus pas. Des parfums d’aventures, de plantations , de foret vierge, de guerres putrides, le fantôme de Yersin, les fantasmes des congayes et de la rue Catinat, l’héroïsme des paras , soldats abandonnés d’une guerre perdue, « l’art français de faire la guerre ». Je me souviens aussi de quelques amies,anciennes éléves du lycée français, qui même en bikini (restons décent) semblaient porter l’uniforme bleu et blanc
et les petites soquettes blanches dans des souliers vernis noirs , j’ai encore dans les yeux la beauté de quelques eurasiennes et leurs senteurs restent à fleur de mémoire…
« lê quî Dôn » me retrouvera l’auteur nord vietnamien d’un roman extraordinaire de simplicité , un Tarkovsky , littéraire. Il existe en français, je n’en retrouve plus ni le titre ni l’auteur. Il m’a valu une petite anecdote rigolote . J’étais co-animateur d’un atelier de philosophie. Un soir,en charge de l’introduction du thème de la soirée, je pris appui sur cet ouvrage. Un philosophe , octogénaire, à l’intelligence puissante et au caractère difficile me lança un « Jeune homme , quand on fait un exposé de cette qualité, on se doit de citer ses sources ! » . Je sortis de ma sacoche l’ouvrage en vietnamien qui m’avait été ramené, le même soir, par un ami. Je lui remis le bouquin en précisant qu’il s’agissait du dialecte de Hanoï, il pourrait être dérouté par le nombre de consonnes dentales qui n’existent, pratiquement pas dans le dialecte de Saigon…Le bonhomme en resta coi de sidération. Il se tut face à ce thaï. La blague fit rire mais je la trouve un peu méchante…C’est con …gai !
Douglas : menteur ! Je ne vous crois pas !
la d@me o: Bingo la d@me !… J’ai pensé à la même chose en prenant la photo des gants… Mais je n’osais…
patrick verroust : Hé oui !… Et à propos de la rue Catinat… J’ai trouvé ceci : http://saigon-vietnam.fr/rue-catinat-tu-do.php
Ce que c’est chargé ce pays… Mais j’y reviendrai, vous vous en doutez… J’ai adoré !
Si si, j’ai un beau stylo, même ! 😉
@Douglas : et vantard avec ça !