La première rencontre avec Agnès Richter (1844-1918).
La première fois que je la vois,
elle est là,
sage,
en haut de l’escalier qui mène à l’étage de l’exposition
« La beauté insensée »
Une veste grise
en lin grossier,
comme celui utilisé dans les hôpitaux
pour les draps, les vêtements
brodé partout avec du fil de couleur.
Le cou et l’épaule garnis de tissu brun.
La veste légèrement sur-dimensionnée
pour un corps de petite taille.
…
Dans un all-over le tissu est envahi par le fil de couleur
écriture lézardée et serrée.
Intérieur comme extérieur sont recouverts
L’extérieur du manchon a été cousu à l’intérieur
comme retourné.
Sur les manches,
la police est lisible à l’extérieur.
Qui était Agnès Richter?
A-t-elle eu des enfants?
On lit les notes dans le désordre, malgré soi.
Les «enfants» apparaît en un seul endroit.
elle révèle qu’elle avait des frères et sœurs.
«Ma sœur» et «la liberté de mon frère? »
Un «cuisinier» est mentionné.
Ce qui était important pour elle?
«Cerises» et d’ailleurs «aucunes cerises »;
puis des références constantes aux vêtements.
Agnès Richter, couturière autrichienne, fut internée contre son gré dans un hôpital psychiatrique de l’âge de quarante ans jusqu’à la fin de sa vie, vingt-six ans plus tard. Là, elle s’employa d’abord à défaire toutes les coutures de la veste de son uniforme de lin gris pour ensuite la remonter, en 1895, à sa propre manière, sans vraiment ni dehors, ni dedans, après l’en avoir entièrement couverte, en cinq couleurs différentes de phrases brodées, si denses et enchevêtrées qu’elles en étaient devenues par endroit illisibles, elle seule détenant le secret de cette seconde peau tatouée pourtant obstinément offerte à la vue de tous.
Intime, obsessionnel et possessif… Apparaissent les mots « je », « mon », « enfant », »sœur », « cuisinière », »à travers mes bas blancs », »mon habit », »frère liberté », »né le 19 juin 1873″, « ma veste », « mes bas blancs … », « je suis au Hubertusburg / rez-de-chaussée », « soeur ».avec le numéro de la blanchisserie « 583 Hubertusburg » rebrodé pour mieux s’intégrer au flux de son propre récit.
La veste est aujourd’hui conservée, sous le numéro 793, à la fameuse collection Prinzhorn de l’université d’Heidelberg.
très émouvant témoignage d’art brut, je ne sais pas si Agnès Richter était insensée , mais elle était d’une capacité créatrice impressionnante qui interpelle . de fil en aiguille, elle a transformé
sa morne existence en un récit plus authentique que bien des autobiographies cousues de fil blanc …à croire qu’il y a des écoles qui dispensent des cours d’histoires et d’hagiographie !
En France, le droit d’asile a été limité mais nous voilà tous enfermés…c’est fou ,
Je subis la dictature de Covid 19 et suis assigné à résidence , zek qui dans la froidure s’archi pèle…L’ambiance est fraîche lourde de tensions. Pour ma part , je cohabite avec Moi-Même, personnage insignifiant et pénible qui essaie de me transformer en l’ombre de Moi-Même. Je le rassure, l’assure que je ne l’abandonnerai jamais, que nous ne faisons qu’un, je l’apostrophe en lui disant que passer de vie à trépas ce n’est la mort que diable ! Que de tous ceux qui ont franchi le pas, aucun n’est revenu dire que la mort n’est pas une vie..Rasséréné, il jargonne « moi m’aime » qu’il le croit …s’il savait …Je le laisse à lui-même qu’il se débrouille avec Lui-Même…
Pendant ce temps, je choie ma vie intérieure en mon Fort intérieur, je fais du Covid grenier dans ma mémoire et celle de mon ordinosaure, je ne peux pas dire laquelle des deux est la plus trouée.
J’ai appris que le Christ ne viendrait pas sur terre pour Pâques, trop de ses ouailles font l’ascension. La file d’attente devant les portes du paradis sont un enfer…Saint Pierre ne sait plus à quel saint se vouer. Ses clefs ont été remplacées par un digicode , code « Covid Ethernel » à n’utiliser qu à la toute dernière extrémité .
A propos d’extrémité , au temps jadis, chaque bourgade avait son croque mort, fonction qui se léguait de père en fils. Au moment de la grande peste, tous les mâles décédèrent, la fille rescapée fut chargée de la sinistre besogne qui consistait à s’assurer de la mort en mordant l’extrémité d’un membre inférieur. Son premier « patient » fut un amputé des deux jambes, innocente elle mordit le membre inférieur. Depuis cette profession s’appelle les pompes funèbres….La grande peste fait encore des ravages 🙂
patrick verroust : Patriiiiiiiick ! Des enfants nous lisent, voyons !
La donzelle… Mignonne ?