… La lumière était douce pourtant, ce matin là.
C’est à la bougie et à la frontale que je pêche au vol les impressions de la veille…
Peu de différence avec Lubumbashi où le manque d’électricité et d’eau à divers moments de la journée ou de la nuit vous rendent prudent quant à la toilette.
La chambre est spartiate et n’incite qu’à la réflexion et à l’étude…
Je raconte cette route qui n’en a que le nom à certains endroits…
Interminable, de bosses, de fosses et de gués,
le 4×4 est (effectivement) indispensable…
(Nous pensons à ces crétins, qui vont sur des circuits spéciaux en Europe, à la recherche de sensations fortes…)
Une voiture ordinaire, ici, resterait en équilibre sur son chassis à plus d’un endroit, radiateur ouvert, cardan éventré…
Cinq heures et demie seront nécessaires pour parcourir ces derniers maudits 75 km. et rallier la mission
…
Lukafu dort encore, il est cinq heures et à cinq cents mètres de là se joue le drame et cette jeune mère qui meurt d’embolie… Le prématuré fera de la sympathie.
En descendant vers la mission, pour le petit déjeuner avec le Père Raoul, loin derrière nous un homme marche hurlant « sa » douleur, rejoint par des pleureuses qui vont en procession gémissante annoncer la nouvelle au village …
A cet instant nous savons.
Un son pur s’élève dans la canopée et emplit à lui seul la savane environnante,
la lumière est belle et douce, le matin se lève dans les jaunes-oranges.
Le chant des oiseaux se mêle aux accords de tristesse comme pour donner le « la ».
Je me force à prendre (ou voler, selon)
le son du chagrin.
(deuil)
L’image restera dans ma pupille.
Je ferais un très mauvais reporter de guerre!
D’instinct nous nous tenons à l’écart et hâtons le pas vers le refuge de la véranda.
Dans deux jours le cercueil circulera et se dirigera dans la foule vers le père adultère ou le guérisseur montrant ainsi le coupable de la mort de cette femme et de son enfant enterrés séparément…
Ou désignera « le visiteur qui avait jeté un sort ».
Le coupable quoi!
Le père Franciscain réfléchit à l’oraison du lendemain,
qui devra tempérer les ardeurs.
Il faut être très prudent en Afrique.
Ici et maintenant me voici vêtue de bleu, et la lumière s’assombrit traversant la trame du lin. Tristes apprêts. tes mots ont un don de sourcier, ici et maintenant la déploration des sensibilités au bord du coeur.
(Je n’ai pas pu écouter Le silence Les larmes Les cris. Certaines musiques ne sont pas pour les enfants)
@MademoiselleLacloche: comme en peu de mots les choses sont dites…
Et pour le son, on est dans le tribal et le fond des âges…
Aux lueurs de l’aube du Monde.
Quand on rit, on rit
et quand on pleure,
on pleure,
là bas,
à fond…
Pas comme chez nous.
Mais tu es encore une enfant tu disais.O)
Alors je dois être de là-bas.
(et l’enfance est encore libre de masques)
Je préfère ne pas écouter le son du chagrin. J’aime le mot « canopée ».
@MademoiselleLacloche: surtout change rien!
@L°: mi tambien! magique hein! ca-no-pée.
comme un canapé installé sur un canoë
@madame de K: ça ressemble à du Gainsbourg