J’aurais jamais du le quitter des yeux…
Oui je suis entré dans le jardin
ensuite dans la maison
mais d’abord été voir quelqu’un.
Je l’ai déjà raconté de vive voix à certains d’entre vous,
il m’est arrivé de faire découvrir à Seb.,
l’excellent compagnon de voyage qui m’accompagnait,
une chose extraordinaire que
malgré ses multiples missions en Afrique, dans le cadre de MSF,
il ne connaissait pas…
On apprend à tout âge n’est ce pas?
Et c’était quoi cette chose, me direz-vous
(ce en quoi vous auriez parfaitement raison de me rappeler à l’ordre,
vu mon art consommé de la périphrase…
j’ai bien dit de la périphrase
et non de la péripathéticienne…
Mais, là, je m’égare encore…)
Après être entré, donc, je me suis dirigé en premier vers « mon manguier », au fond du jardin
… Lui dire bonjour à ce vieil arbre au tronc à demi calciné et à la chevelure ébouriffée
faut-il te le dire, mon coeur battait la chamade et ma glotte n’en menait pas large non plus
… On devient (presque) sentimental à cet âge
par pudeur je ne l’ai pas enlacé cet ami
juste carressé son écorce
posé la main longuement sur ses cicatrices en en faisant le tour
scarifications par le feu, par le fer et par celles du temps aussi.
Resté un long moment sous ses branches hautes j’ai pris du recul,
pour le bouffer des yeux cet arbre,
ses feuilles d’une trentaine de centimètres,
les fruits nombreux à semi maturation
son volume tout entier
lui a tout vu de ce qui s’est passé ici…
Et, d’abord, que fiche cette carcasse de bagnole à ses pieds?
Enfant, une branche basse à la perpendiculaire permettait son ascencion
et l’accession à différents siège naturels, parfaits refuges d’observation du monde
à l’abri de regards:
à présent toutes ses branches sont remontées vers le zénith
comme pour en interdire l’accès à l’importun
L’enfant parti, il n’y avait aucune raison d’inviter le prédateur éventuel…
Donc, c’était quoi au juste, ce que je voulais te raconter?
cette chose c’est l’odeur du manguier tiens pardi!
pas de l’arbre, mais de sa feuille
savais-tu que lorsqu’on en arrache une
et que tu sens la sève de la tige blessée,
c’est le fruit tout entier qui t’entre dans les narines.
Tu peux toujours courir avec un pommier ou un poirier par ici
en deviner le fruit, rien qu’aux effluves de sa feuille, il n’y a que lui: le manguier,
cette essence de térébenthine si caractéristique…
C’est la mangue!
tu es dans la mangue
Selon la sorte, cette senteur sera mâtinée d’abricot,
de pêche,
de citron ou de menthe…
Pur bonheur!
plaisir olfactif sans pareil,
-coke mise à part, diront les accros chagrins…
Laissons les à leurs paradis poudreux et enneigés
Ici point besoin de poudre,
pas d’artifices,
tu es dans la fibre des choses…
A l’intérieur.
J’ai bien aimé ses yeux rieurs à cet ami
qui reconnaissait ses arômes à mon arbre, rien qu’à sa feuille.
T’imagines… Il y avait l’enfant sur son visage…
Ca le fait aussi avec le cassis. L’odeur de feuilles ou de branches de cassis est presque meilleure que le goût, parfois trop acidulé.
Une seule crainte à votre endroit : que vous changiez de branche.
Je voulais faire un texte avec un arbre. Je ne te remercie pas, je vais attendre d’oublier ta prose.
Et moi, je te piquerais bien ton arbre pour entrer dans ma collection sous le nom de « le manguier de Luc », mais comment qu’on fait ? Garde la manie des périphrases et des digressions, c’est tout bon. (j’ai pas dit des péripapétichiennes!)
je reconnais ce sentiment d’humilité devant les maîtres de la Nature, ces pacifiques êtres à la silhouette changeante et dont l’écorce nous conte les histoires du Temps. Ils nous remettent à notre juste place de rampants à peine centenaires, ces vieillards parfois millénaires.
J’ai mon chataignier à Nantes, celui qui a croisé Charlemagne peut-être, et dont les branches fatiguées reposent sur des béquilles de bois. Il accueille mon pèlerinage saisonnier sans connaître mon existence, et n’aura jamais la caresse de mes doigts sur son écorce interdite.
Luc, Certains appellent ça la synchronicité parce qu’ils ne connaissent pas ce qui passe par l’esprit et se passe naturellement de mots. J’ai pour ma part en tête, l’odeur entêtante des fleurs de Troène mêlée à celle non moins présente d’une vieille 15/SIX Citroën dans laquelle je fis enfant mes plus beaux voyages olfactifs. Mon bonjour à l’arbre de vos nombreuses enfances.
@madame de K.: on en apprend des choses avec toi madame… Je reste très peu spécialisé dans ces choses de « nos régions »… Mais ça me dit quelque chose en effet!
@Chr. Borhen: pas de danger Bokassa… Heu! bon qu’à ça.o)
@Anna de Sandre: t’as qu’à faire un copié-collé et dire que c’est un vieux texte sorti du fond d’un tiroir…
@zoë: il n’y a qu’à se servir sous l’arbre, il en reste encore: you’re welcome;o)
@Med’celine: c’est comme pour la sculpture dans les musées… Ne pas pouvoir toucher est d’un frustrant, alors que c’est fait pour… Il y a au musée Rodin un tronc (sic) de femme, sorte de Vénus (encore plus amputée que celle de Milo) que j’ai frôlée un jour… Inoubliable!
@Lephauste:… troène et citroën, vous le faites exprès…
Il étaient six les arbres?
cela dit elle me parle votre histoire de nez, l’idée d’un billet futur se fait jour.
Tiens c’est pas bête. Vu qu’aucun de mes lecteurs ne va chez toi ni réciproquement, ça va l’faire.
Moi c’est plutôt celle des beignets aux acacias…fallait monter sur la voiture (c’était pas une Dodion Bouton) pour grappiller les fleurs…et après fallait attendre le retour pour entendre bruire l’huile de la friteuse qui giclait des parfums délicats sous nos naseaux affamés.
Beau texte Ulc.
@ ex L°….ah Nah…c’est faux…ce que tu dis j’aime le tennis de table.
ça laisse un goût d’enfance sur la langue. J’aime bien m’enf(o)uir dans tes valises.
Le plus étonnant avec ces odeurs d’enfance, c’est qu’elles restent comme stockées en nous; il suffit de sentir quelque chose d’un peu approchant même à des milliers de kilomètres de l’endroit auquel elles appartiennent pour que tout un monde resurgisse (non, je n’essaie pas de vous faire le coup de la madeleine, c’est «l’enfant sur son visage» qui me fait penser à ça)
Dans l’arbre à mangues vous mangiez des yeux le monde…moi, mon cerisier est cassé.
Au pied de mon arbre, je vivais heureux, j’aurai jamais dû m’éloigner d’mon arbre…
http://www.youtube.com/watch?v=znmKx65RqGA
Alors c’est vrai, y a pas de manguier, mais bon, l’intention y est.
@Anna de Sandre: surtout tu dis que c’est un très vieux texte et que, vraiment, t’avais pas d’idées!:o)
@Sylvaine: tu dois savoir que je te jalouse déjà tes beignets d’acacias!
merdre! j’ai raté ça… Et mercki du compliment.
quant à « @Anna » 12-7.o)
@Yola: oui « l’enfant sur son visage », c’était vraiment ça.
le même plaisir que de faire découvrir des choses à des étudiants;o)
@Mlle d’enfer(t): il s’en faudrait de peu que je l’ouvre et que je t’y trouve…
ce ne serait pas pour me déplaire, ma foi;
ça fait longtemps dis!:o)
@Zaile: c’est de la cerise donc!?
@Frederique M: ah le moustachu! il nous manque ce crétin!
quelle idée de n’être pas revenu d’entre les morts!
Courir après ses souvenirs d’enfance et les retrouver quasi intacts… Quelle merveille merveilleuse, comme dirait Pagnol. J’en ai très peu, étant toujours partie tournée vers l’avenir. Comme une femme de Loth qui ne se serait jamais retournée… Mais, à l’évidence, tu ne t’es pas changé en statue de sel !
@Mifa:… L’avenir c’est aujourd’hui,
quand je suis dans ce jardin,
et que je regarde le chemin parcouru.
Le sel de la vie, oui…
Que du bon.
Je ne regrette rien…
Et pas de statues pour autant.o)
Alors c’est bien.
@Mifa: :O)
en fait ce commentaire porte sur la video rue cerckel 4, comments closed;
en regardant à nouveau, par plaisir, les mains dans les poches, je m’imagine en promenade avenue fort-lamy, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la rue cerckel;
et que remarque-je à droite ? le mur du musée avec son toit caractéristique en petits triangles : tu habitais en face du musée veinard;
j’en profites pour le visiter à nouveau, avant de retourner à quelques centaines de mètres de là à l’avenue fort-lamy, avenue du Tanganika jusqu’en 1967, et présentement avenue N’Djamena, vois-je sur le lien en annexe
http://maps.google.fr/maps?ll=-11.648814,27.477369&z=19&t=h&hl=fr
@raymond: voui… juste derrière le musée, la deuxième maison au début de la rue… Quant aux rues presque tous les noms ont changés à part la Moéro et deux ou trois autres à consonnances Portugaises… Et forcéent les noms indigènes sont pls ou moins restés, quoique… L’avenue (du) Kasaï change régulièrement de nom de « dictateur »:o)…
Je t’enverrai un de ces quatre un document de la carte des rues actuelles pour tes archives, si tu ne l’as pas déjà?!
[…] tropical. Les coordonnées de la cache du trésor ! Je vous en avais déjà parlé, par ailleurs, ici et là aussi… E V I D E M M E N T !… Puis j’ai poursuivi ma route… […]