Ce berceau du savoir ne méritait pas ça (part two).
Pourquoi s’attaquer à ce bastion du savoir où les instituteurs et professeurs avaient à coeur de distiller la culture, de nous y plonger, de nous faire écouter le monde.
Le pourquoi du comment de ces déprédations, j’imagine, se trouve dans cette haine,
cette rage contre le savoir qui y était inculqué…
Cependant que les institutions religieuses, mieux protégées par les pères (ou les soeurs) sont parveues à sauver leur bâtiments, le symbole de l’école d’état ouverte à tous, lui, n’a pas résisté.
Des immenses “plaines” de récréation il ne reste que champs de désolation où bouteilles et canettes, semelles et bidons jonchent le sol…
Des papiers gras? bien sûr monsieur nous en avons avec en prime des capsules, du verre, de la rouille et différents métaux de même que quelques épaves de bagnoles!.
Le mec qui s’installe,ici,une petite entreprise de recyclage de déchets peut faire fortune et nourrir trois générations entières… si si!
Aux étages, parfois même au troisième, les hommes ont monté des parpaings de boue et de terre (des tonnes!) pour reformer des petits “espaces de vie” ne montants même pas jusqu’aux plafonds…
Sortes de termitières troglodytes où les cellules labyrinthiques ressemblent à la casbah de Marrakeich
Les murs s’arrêtent à deux mètres du sol et les bâches légèrement obliques dévient les fuites du toit…
Ces patchworks de toiles cirées, de tissus et de plastiques font penser à un Rauschenberg grandeur nature… La qualité artistique en moins.
Comme ultime nique “aux envahisseurs” le béton reste lisse comme une fesse de bébé,
lisse de toute émotion,
lisse et indifférent formant les escaliers et les rampes d’un seul tenant…
Sa surface défie encore le burin et les marteaux piqueurs.
Je ne me sens pas le courage « d’affronter » les squatters et d’essayer de visiter ces classes borgnolées de poto-pote (boue) aux “fenêtres” pour m’imprégner de ces espaces où j’ai appris à lire, à écrire, à compter, à penser… Je ne veux plus penser, cette éducation à la connaissance battue en brèche dans sa fibre me décourage.
Un immense dégoût m’envahi.
Nous quittons ces lieux inhospitaliers, mon ami et moi, non sans être sollicités par le quidam qui demande à quand les travaux de réhabilitation?…
Il rêve le mec!
je ne suis pas là pour te refaire ton truc à neuf!
t’as deux mains mon gars, vas-y, te gêne pas!
nan mais!
En rentrant nous passons devant la petite église orthodoxe jouxtant le site, elle, elle est toute pimpante avec son tapis de galets blancs et noirs à l’entrée, marquant sa naissance: 1956.
Je me dis que ça doit être une question de foi.
(Crédits photos Raymond B.)
Le même bâtiment aujourd’hui.
Je comprends ton émotion.
Triste, vraiment.
@Anna de Sandre: voui…
Mais je ne peux pas dire que tout était rose là bas,
et passer sous silence…
Et, là, j’ai pas aimé!
@kouki: promis, le prochain sera joyeux, ou beau, ou bien… Ou pas!o)
Il me semble que ce que l’on a fait subir à ces pierres de ton enfance, ici et aujourd’hui on l’inflige à la culture elle-même, brique après brique. Une sorte de dépotoir global où surgissent des éléments qui se maintiennent au petit bonheur… C’est un question de foi, d’interêt(s) (dans tous les sens du terme)
J’enfonce des portes ouvertes, pardon…
Bon, pour remettre un peu de gaité : Luc, tu viens quand à Toulouse où trois femmes t’attendent , qui sont toutes les trois ici ? La sncf fait des cartes séniors trés bien parait-il (mais moi je ne sais pas, je n’y ait pas droit, c’est des on-dits, tu vois). Et en plus, si tu ne peux pas te déplacer tout seul (admettons tu te perdrais dans la gare matabiau) ils peuvent t’attendre sur le quai pour t’accompagner. C’est chouette, non ? En même temps la gare chez nous, c’est une entrée et une sortie, alors pour se perdre c’est pas aisé. N’est-ce pas Anna-de-Sandre-qui-vient-sur-Toulouse-pile-le-week-end-ou-j’y-suis-pas ?
Emouvant, et comment dire… courageux (Luc, as-tu du cœur?; j’aime bien ce rapprochement étymologique) de vous confronter comme ça aux lieux de votre enfance, avec humour et lucidité.
@mlle d’enfer(t): j’aime tes portes ouvertes… Dans tous les sens du terme…. Mais il est évident que par delà ce que je raconte au premier degré, le second est à l’image de nos politiques, nos télés (le 4ème pouvoir), nos radios, de l’internet, etc.
Et notre culture, elle s’effrite disait le Belge!:o)
@Frederique M: si je suis allé jusqu’en Afrique le voyage vers Toulouse devrait être plus simple… Il n’y a pas encore besoin de visa en France que je sache, et les peuplades de par chez sont pacifiques et évangélisées à ce qu’on m’a dit… Suffit de vous mettre toutes d’accord pour être là en même temps…;o)
@Yola: « humour et lucidité » le mot est laché…
Et puis comme disait Gotlib un homme c’est encore un gamin mais plus tout à fait un enfant; pied noir dans mon pays il me fallait recoller les morceaux de l’exil pour comprendre…
Maintenant je sais.
(Et que Anna d. S. ne rajoute pas « … Qu’on ne sait jamais » avec la voix de Gabin!:o)
J’ignore tout de votre histoire, cher L……………c, mais je vous admire d’avoir tenté un tel voyage. Je suis né à Bône (Algérie), aujourd’hui Annaba, et je ne risque pas d’y remettre les pieds. Tous ceux qui ont entrepris le pélerinage en sont revenus complètement déprimés, furieux de ne pas avoir gardé les images de leur enfance.
(Au Maroc, il y a de cela vingt ans, j’ai visité une plantation d’orangers dont, faute d’entretien, la moitié était partie dans l’oued. L’ancien propriétaire, un gaillard, en pleurait – vraiment.)
Bien, je reprends mes plans d’invasion…
Everybody knows that the dice are loaded
Everybody rolls with their fingers crossed
Everybody knows that the war is over
Everybody knows the good guys lost
Everybody knows the fight was fixed
The poor stay poor, the rich get rich
That’s how it goes
Everybody knows
http://www.youtube.com/watch?v=yG5e1oaen-M
@Depluloin: content de vous voir de plus près, c’est un plaisir.
Et pour le reste, explorez, vous découvrirez à l’aide des mots-clés les phantasmes du bonhomme et ce qui m’a amené là.
Il était indispensable que je fasse ce voyage et cesse d’en parler comme d’autres qui n’y retourneront jamais ayant tiré un trait amer sur la chose, bien souvent.
Mes yeux de plasticien ont vu des racine chromatiques et thèmatiques surgir là bas, mon corps d’adulte a ressenti le bonheur de cette terre qui hormis la situation politique et la corruption généralisée est le plus beau pays du monde (entre autre)… Et est (fut) effectivement un paradis où les gens se plaisaient.
Peu d’amertume, juste un apaisement et de la nourriture spirituelle pour le reste de ma vie: je sais d’où je viens et à quoi j’appartenais: m’importe le futur de mes travaux à présent.
(mes excuses pour cette réponse un peu (trop) sérieuse;o)
@Raymond: une de ses plus belles, et combien juste.
Et puis cette voix!!!…
Le « lycée » fut un billet difficile à sortir de la poussière sans trop noircir le tableau…
Le plus dur est fait; ce que j’ai à raconter, à présent, c’est du billard…
La piste est droite… Et à 70 on ne devrait pas (trop) sentir la tôle ondulée ;o)
(encore merci pour tes documents et ton témoignage).
Et oui mais les PAS (Plans d’justement structurels) les potions empoissonnées du FMI et de la Banque Mondiale sont passées avant toi et leur leit motiv c’est réduction du déficit et abandon du service public. Ravages partout en Afrique. Par exemple la ligne de chemin de fer Sénégal Mali qui marchait admirablment vendue au privé qui a supprimé le transport voyageurs. Stupidissime.
J’arrête sinon je monte au plafond.
@zoë: je suis toujours au plafond, tu peux m’y rejoindre si tu veux…
Trève de plaisanterie, sur place c’est P A R F A I T E M E N T insupportable,
tout le monde se partage le gâteau sur le dos de l’individu lambda qui n’en peut mais.
merci luc pour votre si touchant commentaire sur mon blog. je vais de ce pas me promener sur votre blog. à bientôt
bonne fin de dimanche
flo et mimolette
Pour ma défense, je suis de cette génération – que personne ici ne connait – qui a dû subir tant d’approximations, tant d’arrêts de mort définitifs. Pour le malheur de l’Afrique, la décolonisation s’est faite sous pression : nous étions en pleine guerre froide. La décolonisation est un très vaste débat qu’il mest impossible d’évoquer ici.
Mais tout de même: ce soir, on n’en parle pas dans la presse, je viens d’apprendre que l’Algérie venait de conclure un marché de 50 milliards $ avec un groupe italo-britannique. En même temps il faut savoir que la corruption est telle que la moitié des hôtels de Paris est aux mains d’officiers supérieurs du même pays. Je n’en tire aucune espèce de revanche, je suis triste pour la jeunesse de ce pays.
Putain, L……c qu’est-ce que j’ai bien causé! non?
@flo et mimolette: encore une Toulousaine!…
Merci du passage et j’espère que vous goûterez autant que j’ai apprécié vos plats, visuellement s’entend.o)
@Depluloin: je ne vais pas paraphraser le grand Charles avec les bras en « V », mais pour sûr, ce qu’il a bien causé Depluloin…
Pour conclure, à la mort de Mobutu (maréchal-président de son vivant et déclaré « méchant-vilain-pas-beau-dictateur « après son décès) son compte en banque correspondait à la dette du Zaïre…
quelle coin si dense!…
Comique non?…
Il y a parfois de quoi se taper les parties génitales au plafond, trois fois sans retomber!
oups pardon! les enfants ne sont peut être pas encore couchés.o)
restauration du lycée kiwele, voir :
http://www.youtube.com/watch?v=cDIbAeW7Yfs
[…] à l’époque dans : “Ce berceau du savoir, ne méritait pas ça (part one).” “Ce berceau du savoir, ne méritait pas ça (part two).” ) … A la réflexion je croyais cette histoire finie… Hé bien non ! Voila t’y pas […]