Finca vigia… Ou comme j’aurais voulu m’appeler Ernest.

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Après un mauvais déjeuner je décide de me taper la Finca Vigia
Inutile d’attendre, il est encore tôt dans l’après-midi, j’ai toutes mes chances de profiter de la maison.
Re-traverser en diagonale les rues bigarrées
Attente interminable sous le cagnard à l’arrêt du bus P7
Je suis le seul « étranger » dans le flot de gens qui attendent
El ultimo ?
Je me range derrière un clodo sympa…
Je le vois partir, sous mon nez, dans le premier bus arrivé au bout d’une demi-heure…
Le suivant sera le bon,
long à venir…
Cagnard.
Oui, je l’ai déjà dit… 35°c komême (sic).
Trois quarts d’heure plus tard.
Je suis primero à entrer.
Les gens s’entassent comme ils peuvent
le double-bus est vite bourré.
Nous roulons,
je suis rêveur à la fenêtre
Le chauffeur m’oublie
je me fais donc le terminus avant d’être conduit à destination, par le P2, en sens inverse.

A la Finca Vigia, chez Ernest Hemingay. from luc lamy on Vimeo.

Arrivé, j’ai moins d’une heure pour n’imprégner de l’endroit.
Le lieu est préservé de façon irréprochable…
D’emblée le charme opère
cinquante-sept ans plus tard
tout est prêt !
Le lit est fait
les étagères époussetées,
les trophées intacts
le mobilier impeccable
les petits souvenirs et les photos de sa vie sagement posés,
les bouquins par centaines attendent.
Tout est rangé comme s’il devait revenir d’un instant à l’autre.
Dans mon malheur de devoir me dépêcher,
j’ai de la chance,
il n’y a pas (ou plus) de touristes vu l’heure tardive…
Je suis quasiment seul à profiter de la maison,
du jardin,
de la piscine,
oui,
Ava s’y est baignée nue,
Ernest aurait décrété qu’il interdisait qu’on vide la piscine après…
J’aurais fait pareil, j’avoue.
Que dire de ce lieu, sinon que tu comprends l’expression « havre de paix » ;
d’emblée en remontant vers la demeure tu te sens chez toi et,
en y repensant,
c’est de ça dont il s’agit ;
tu sais qu’il va te falloir quitter tout à l’heure,
ce lieu,
qui respire le bon vivre,
l’inspiration.
Rentrer en Europe.
La frustration de ne pouvoir se balader librement à l’intérieur est vite comblée par la transparence architecturale, la villa coloniale est aérée aux quatre coins :
la fenêtre à guillotine est faites pour faire circuler l’air et le regard,
se coincer les doigts,
de l’intérieur vers l’extérieur et vice et versa.
Curieux bonhomme dont, au delà des livres, me reviennent en mémoire ses nouvelles et sa correspondance en quarto chez Gallimard… Qui me le firent le re-aimer par delà les lectures obligées et barbantes de « La perle », « L’étranger »… « Le vieil homme et la mer »…
Je confirme,
seul le dernier est de lui.
lol comme ils disent maintenant.
D’un côté les quatre tombes de ses chiens, Black, Negrita, Linda et Néron, près de la piscine ou la trentaine de chats qui hantaient la demeure et ses environs et de l’autre, tous ses trophées de chasse (Bambi, la maman, c’est lui, si-si, maintenant j’en suis sûr, les dates correspondent) deux ou trois squelettes de crânes de fauves, des bouts de bois flotté, des coraux, les coquillages son intérêt pour la nature… Une époque mon bon monsieur.
J’y reviendrai à la fin du séjour
l’avant dernier jour…
A la Finca Vigia
d’où l’on voit La Havane au loin.


Ernest Hemingway… Finca vigea. from luc lamy on Vimeo.

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Où il y a de l’Eugène… Il y a parfois du plaisir.

Eugene Delacroix to his paint dealer, 1827s


Monsieur Haro, marchand de couleurs,
Rue du Colombier, près la rue des petits augustins

Les 2 vessies de cobalt en une seule, toutes les autres séparées.

M. Delacroix salue Madame Haro et la prie de vouloir bien lui faire broyer sur le champ 6 vessies de blanc de plomb, 6 de jaune de Naples, 2 d’ocre jaune, 2 de cobalt, 2 de noir de pêche, le tout plus liquide que les couleurs qu’on prépare pour tout le monde. Il passera sans faute demain matin mardi pour les prendre, à 7 heures. Il la prie de faire en sorte que cela soit tout à fait terminé ce soir.

Ce lundi 28 octobre.

Je ne saurais trop vous inviter à fouiller par ici… Superbe travail d’archives.

Cette forme d’autoportrait « à deux » chez Denis Roche.

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19 juillet 1978. Taxto, Mexique. Hotel Victoria, chambre 80.
Tout est dans le titre,
bien des années après,
je tourne et je retourne ces images,
ce désir de se fondre à/dans l’autre,
de ne faire « qu’un » dans le reflet.
Être à deux seul(s).

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Et puis en faisant des petites recherches autour de cet autoportrait, je me souviens de cet article inspiré des entretiens avec Gilles Mora et Denis Roche sur ces quatre images.
Je te laisse avec lui.
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à lire : La photographie est interminable : entretien avec Gilles Mora / Denis Roche. – Seuil, 2007.

Chaque année, ce goût bizarre.

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Journée sans histoire
depuis le retour à Hanoï
où je déambule au gré de mon humeur…
Décidément j’aime cette ville,
son effervescence,
ce centre autour du petit lac Ho Hoan Kiem,
bref… J’aime m’y ennuyer en attendant mon départ.

Je me prépare à faire le grand saut vers le sud,
Ho Chi Minh city,
Saigon,
ville mythique entre toute,
chargée d’histoire…
On m’en a dit le plus grand mal au niveau de la petite délinquance,
des pickpockets,
du vol à la tire…
Après m’être bien habitué à Hanoï
trop peut être
Saigon ne sera peut-être pas aussi attrayante ?
Qui sait ?

C’est vrai que le premier contact est très distant,
j’arrive dans cet hôtel aux vues inexistantes…
le confort y est,
ça oui
et pourtant…
Pas de fenêtre.
Impossible d’avoir une chambre avec vue.

Ça doit être réservé aux monarques ou au rois, je suppose.

Comme à Hanoï.
Comble du comble,
à l’endroit où se trouvait la fenêtre,
l’espace du dehors
(qui donne sur la rue, grouillante de vie)
est muré par une cloison
elle même garnie d’une vue paradisiaque du pays
avec des bambous en avant-plan
des rizières en escaliers
des montagnes.
Un univers de carton pâte en chambre, j’ai l’impression de me balader en taille réelle dans la brochure touristique du hall de l’hôtel.
Je me résigne…
La première sortie se cantonne aux environs,
c’est clair qu’aujourd’hui il ne se dégage pas grand chose.

Pas de monde,
peu de passants…
Moins nombreux qu’à Hanoï, hier…
Par contre les deux-roues
autant de guêpes pétaradantes et vibrionnantes.

Je m’assigne dans ma chambre
un peu de lecture puis face à l’écran télé,
j’explore les programmes en ce jour de l’an ;
extinction des feux à 23h.30

Mort.

Je me réveille en 2014,
rien n’a bougé pendant le changement d’année ;
à six heures de décalage
je suis de loin en loin
les préparatifs en Europe, en Australie…

Le lendemain découverte de la ville,
bien plus tentaculaire que sa sœur nordiste,
plus d’effervescence.
Mais ce n’est pas de ça dont je voulais te parler…
Ce n’est pas de ça.
Nous sommes en 2018…
Comme le temps passe.
Belle année à toi,
ça fait neuf ans qu’on se connaît,
ici,
par la « magie » du virtuel,
avec ou sans réseaux dits sociaux.
A l’image du gamin
dans le premier gif,
je continue d’observer le monde
dubitatif.

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(Anna Malina©).

Il n’y a pas photon… C’est Jordan Tiberio.

Tel un insecte bariolé
elle est prise au piège de la toile
étrangement pixelisée
par la moustiquaire métallique…
Sorte d’épreuve à la fécule de pomme de terre
chère à Lartigues et à Kühn,
carré après carré
on détaille le grain de la couleur
de la lumière
La toile est par endroits dédoublée
ou renfermant des traces d’eau
mangeant un peu de l’image
la biffant d’une mémoire

Il y a de cela quelques années maintenant,
j’utilisais le même subterfuge pour parler du souvenirs,
du flash-back,
des réminiscences sur un gif dans
« On ne se refait pas »
au dispensaire de Lubumbashi.
J’aurais dû plus penser à l’image fixe…
Que ne le fis-je ?
Tentai-je dans une ultime pirouette
(cacahuète).

Le travail de Jordan Tiberio se décline sur plusieurs voies,
cette jeune photographe a le temps de se chercher encore,
les débuts sont plus que prometteurs.


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Images de Jordan Tiberio©

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