Migumi et le yellowcake d’Ilunga.
Ito découpait
avec grand soin
ce don de l’océan ;
éliminant sans état d’âme
la chair foncée du dessus
la lame s’enfonçait
coupant sans compter
les endroits nerveux du morceau
les fines insertions des arêtes sur les côtés
afin de ne garder
que le meilleur
de ce filet de thon.
Quelques makis,
des sushis
et un émincé dans la pièce feraient un sashimi extraordinaire.
Sa fille se mariait aujourd’hui…
C’était sa contribution au buffet de la réception de ce soir.
Malgré la guerre
(depuis que l’empereur en avait décidé ainsi)
la vie était douce.
Quel beau lundi !
La journée promettait d’être inoubliable !
Ito était heureux
pour sa fille
(sa petite Migumi)
sa femme et sa famille.
Il devait penser à un haïku pour le discours.
Quoique jeune
son futur gendre
venait de s’engager.
Un bon Japonais.
Là haut
il entendait le vrombissement d’un avion
très haut.
Il décida de s’occuper du gâteau plus tard
(la cuisson du riz restait délicate)
et alla chercher une feuille de konbu.
…
…
Le même jour
à quelques milliers de kilomètres de là,
Ilunga,
pendant sa pause
buvait de l’eau,
beaucoup d’eau.
Il faisait chaud là dessous
à Shinkolobwe…
Ilunga ne savait pas ce qu’on extrayait de cette terre…
De sa terre.
Mais lis, plutôt :
(extrait de « Congo, une histoire » de D. Van Reybrouck).
…
Exit Ito.
voilà ton haïku :
qui sait quel oiseau
coupera le fil ténu
de ta vie rêvée
j’ai pensé à toi l’autre jour (une fois de plus je veux dire 😉 ) j’ai lu ce livre : http://www.alainmabanckou.net/romans-nouvelles/52-verre-casse-.html
tu connais cet auteur congolais, Alain Mabanckou ?
c’était pas mal, très déjanté !
Terrible mise en regard!
Vos rapprochements, d’apparence anecdotique,sont pertinents. Les forçats de la terre œuvrent, sans le savoir, les innocents, à la destruction de leurs frères de misère, à tout endroit du globe. Les puissants de la terre essaient de de tirer le plus beau bâtonnet, le sceptre,le plus glorieux dans un mikado insoucieux des répercussions subies par les peuples oppressés. Vous avez choisi de présenter des faits factuels, de simples constats »…L’effet produit n’en est que plus glaçant., il produit.une terrible mise en abîme.
.Il n’aura même pas su que, dans la mort, il n’y a pas de héros , Ito !…Les survivants peuvent se réjouir,de savoir que ce fut un Little Boy , jeté par de bonnes mains (ouf!) qui leur chut dessus, une bombinette qui ne payait pas de mine.
Alerte le Mali Bout ! Cela pourrait gêner les recettes de nos marabouts, concoctant d’apocalyptiques gâteaux .
Un haïku à la mémoire d’Ito et des autres
« la bombinette cherra,
La fête explosera
L’amour irradiera,
Hiroshima »
Halte au thon enrichi !
(Très beau billet. Iconographie remarquable.)
On joue ?
Kinshasa ( Congo, une histoire ) et Brazza ( Mabanckou ) se regardent par delà du (fleuve) Congo : mbote na yo !
et dire que c’est comme cela que ça a du se passer pour nombre de japonais!
ces collages forment un tout qui procure beaucoup d’émotion à la lecture l’image de cette réalité faite de mots glace la vérité historique dans le détail d’une journéepas comme les autres. BRAVO!
madame de K : t’es trop forte Maîkresse !!!… Comment fais-tu ?
madame de K : ni Dave ni d’verre à dent… Et c’est bien pour un jeune enfant comme moi ?… Sinon j’vais jouer a’ec Pluplu… Justement je vois qu’il arrive…
Yola : merc(k)i… En fait j’adore jouer ce genre de tour ;o)))
patrick verroust : il y a plein de jeux de mots ou bien je me trompe ?… Je m’en vais relire, tiens !
Depluloin : le thon enrichi ! Trop fort… On va pêcher ?
la d@me : sûr qu’il y a matière, par delà le fleuve… Je reste sur MON Congo du coup ! ;o)))
alex : ça a du être terrible 60 secondes avant puis après et puis…
M’a toujours fasciné ce basculement dans l’horreur immonde des guerres.
Les Belges y faisaient des réserves de yellow cake? Ben, et des de tartosucs aussi? Elles sont où celles-là, viiiite! 😛