Les Vases Communiquants avec Enfantissages.
« Pourquoi ne pas imaginer, le 1er vendredi de chaque mois, une sorte d’échange généralisé, chacun écrivant chez un autre ? Suis sûr qu’on y découvrirait de nouveaux sites… ». Ainsi sont nés les vases communicants, à l’initiative de François Bon.
Aujourd’hui, j’écris chez Enfantissages, sur son blog et j’accueille son texte ici.
…
Tu voguais
Tu voguais sur les nervures de l’océan et il me plaisait de te nommer nef à celle que tu fus sans pavillon ni gouvernail remontant les amazones tu avais pris pour voiles les draps blancs les draps blancs étendus dans le balancement de la corde à linge tu avais pris pour vent la brise des temps anciens tu avais tu avais pris pour carte l’ombre et ses jours du roulis de l’arbre sur le mur de la maison tu voguais
Tu voguais sans rime ni raison dans la brume démente qui caresse les eaux dormantes et le phare éteint et il me plaisait de te nommer celle qui soupèse la marche du temps tu as glissé sur la faille de tes doigts dans ta main tendue courant encore et toujours dans la phrase alentie cette lumière rousse se reflète dans la terre tu la pétris de tes pieds et c’est moi qui glisse dans le présent des nuées tu voguais
Tu voguais dans le manteau des étoiles le visage ouvert dans l’immensité du cosmos et il me plaisait de te nommer le brin d’herbe que tu fus dans ton habit de rosée ce lieu où je pourrais enfin faire sens de toi là où de mon esprit à ton esprit de ton âme à mon âme s’écouleront les grains de sable du désert où nef tu gis dans la contemplation des pierres du reg les ondulations du temps tu voguais
Tu voguais vers l’horizon vague dans le flou d’une succession de couchants et il me plaisait de te nommer cette enfant que tu fus que tu es dans la musique de la nuit dans la voile neuve du temps quand tu te dénudais de ton écorce tu m’as tendu cette page blanche ces feuilles de l’arbre que tu étais devenue et je ferai sens de toi je te lirai dans la migration des oiseaux de tes yeux tu voguais
Tu voguais et tu n’es plus et tu es cette feuille posée sur l’eau et il me plaisait de te nommer galet dans le ricochet infini de tes souvenirs en fuite et je verserai dans la jarre que tu fus le flot des amazones et tu boiras à cette fontaine où j’ai puisé pour toi les photos rousses des aubes et des routes dans le lointain de mes lointains que nous avons quitté et dans ce jour d’un autre monde je voguerai à tes côtés
…
Liste des participants aux Vases communicants de février :
Aedificavit et Tentatives
Futiles et graves et Juliette Mezenc
à chat perché et Hervé Jeanney
Lieux et Arnaud Maïsetti
L’employée aux écritures et Hublots
Le blog à Luc et Enfantissages
Koukistories et Biffures chroniques
Soubresauts et Kafka transports
Pendant le week-end et Kill that marquise
Le Tiers livre et Fragments, chutes et conséquences
Scriptopolis et CultEnews
Liminaire et Litote en tête
Les lignes du monde et Abadôn
Pantareï et Éric Dubois
Les marges et Paumée
n’a rien perdu en voguant jusqu’ici
Les Vases permettent de lire la Sérénissime en large banc de texte, c’est chouette.
Le texte s’épanche et flotte comme un drapeau sur un vent d’éternité … j’aime ces longueurs chez Altess …
et il nous plaisait de te lire
ah j’oubliais … faut qu’j’la fasse : Altess, vous êtes dans de beaux draps, là …
« Mama mia » me vient…la mienne, les nôtres….présence enracinée que le vent fait trembler…
Je veux rester ici les yeux ouverts, en héritage de sève.
L’amour gît dans les détails.
Suis ravie !
Merci pour ce beau mariage !
« Tu voguais vers l’horizon vague dans le flou d’une succession de couchants et il me plaisait de te nommer cette enfant que tu fus que tu es dans la musique de la nuit dans la voile neuve du temps quand tu te dénudais de ton écorce tu m’as tendu cette page blanche ces feuilles de l’arbre que tu étais devenue et je ferai sens de toi je te lirai dans la migration des oiseaux de tes yeux tu voguais »
Juliette, j’ai les larmes aux yeux en vous lisant, ce texte m’évoque énormément …
Ces échanges sont décidément une riche idée… pour les paresseux dans mon genre. J’ai l’impression de vous découvrir. Quelle mélodie de mots, quelle douceur dans la force du propos, quelle pudeur dans un chagrin entrevu… C’est magnifique!
(Je me suis demandé au début de la lecture si les images vous avez inspiré le texte, puis la question devient sans importance. Parce qu’il m’arrive d’être mieux inspiré par une image que par mes propres pensées…)
(Ah! Et sans plus d’importance non plus : « où je pourrait… » Luc n’est même pas fichu de recopier! :))
@Brigetoun ravie que vous cette navigation un peu agitée vous ait plue (y a bien un e à plu, j’ai oublié ma grammaire).
@Anna l’occasion est l’incitation
@Kouki tu sais me parler toi 😉
@Christine merci et plaisir réciproque (plus que ça d’ailleurs)
@Kouki toi aussi t’es dans de beaux draps parce que c’est Depluloin qui a repéré le premier la coquille 😉
@Isabelle C. merci 🙂 beau votre « héritage en sève »…
@Kathie alors je n’ai pas écrit en vain, merci 🙂
@Depluloin oui bien sûr les images m’ont inspiré le texte et certaines autres lignes de faille du blog de l’hôte de ces lieux (merci pour la coquille, d’habitude c’est Kouki ma relectrice à l’œil aiguisé, et c’est pas faute d’avoir relu mon texte 30 fois et de travailler dans l’édition, pfffff)
Tu sais ce que je ne vais pas dire… pour éviter de te lasser, et c’est une évidence 🙂
Souvent quand on vient ici, au début les animations sont plus lentes (le temps qu’elles se chargent). Et c’est bien aussi…
o fan ! c’est pas une coquille là, c’est un igloo !!
@Kouki oh qu’elle est vilaine ;O)
Je dois dire que du côté du linge de Juliette, illustré par les langes étirés de l’infant Ulc …une atmosphère délétère se dégage qui excite l’écorce de mon âme, et me fait mettre au repos mon revolver de service…
Enfantissages, je reviens de chez vous, eh bien je peux vous dire que vous allez être contente en rentrant! Y a Luc qu’a fait plein de saletés, des frites écrasées par terre, des canettes vides, la baignoire qu’a débordé, des dessins sur les murs, et j’en passe…
@Depluloin: cafteur !…
C’est même pas vrai !…
Et t’étais pas le dernier à taguer les murs…
Rrrooohhh lui là !
(tu dors déjà ? suis passé chez toi, personne ! pas de lumière… Juste deux types sous une piscine gonflable qui jouent avec un enfant…)
Le ressac, qui va, qui vient. C’est votre rythme dans ce poème.
la vache, je reviens et alors les photos rousses des aubes et des routes dans le lointain … çà me fait, mais alors, complètement partir çà !!
voguer à vos côtés Altess
Hé? Luc? T’es chez toi encore? Ou c’est Madame Enfantissages qu’est là?
@Depluloin: ben non ! me suis levé ce matin et il y avait une fille dans mon blog… Du coup je suis dehors, j’ai pas la clé ….
Hé mais c’est que je viens à peine de me lever… laissez-moi le temps d’au moins prendre une douche Oh excusez-moi mademoiselle !! Mais je vous reconnais vous êtes la fille de la douche de l’autre jour… Ça va? y a encore de l’eau dans chauffeeau ?
Dis Luc, elle est en train de fondre ta copine, fais quelque chose!
Ampleur.
Souffle.
Quelque chose d’un autre âge.
Du temps de Victor.
Hugo bien sûr.
Une Enfantissage que — comme le souligne Anna — nous découvrons encore plus large à l’occasion de ces vases.
@Enfantissages:… Mais tu es une marmotte ! c’est donc toi les « manuscrits de la marmotte »… (tu l’as lu ?)
@Luc : c’est mon livre de chevet ;O)
@Enfantissages: l’est bien hein ?
Nickel, je dors dès la deuxième page 😉
(Nan pour de vrai, jamais entendu parler de ce bouquin…)
@Enfantissages: il faut te ruer en librairie pour t’en acheter un,
s’il est épuisé il faut le voler
ou tuer quelqu’un qui en possède un exemplaire…
C’est un livre écrit par un membre de comité de lecture d’une grande maison d’édition…
J’en garde un excellent souvenir…
Et si les autres écoutent à la porte, écoutez tonton luc.
(ce n’est pas un perdeau de l’année… ’84- ’85 par là…)
mais juste… ça parle de quoi? du monde de l’édition?
@Enfantissages: du style, des styles…
Il écrit comme…
Sans trouver sa voix
nourri de toutes ses lectures.
(Très intelligent il change de voix à vue… )
Le coupable est…
Nan j’te dis pas…
Mais ce n’est pas un policier, ça non !
Je note je note 🙂
[…] Lamy *** Mon texte chez Luc c’est par ici. […]